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Projet Lindberg, Québec tourne le dos aux transporteurs existants

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L’article paru dimanche dernier dans le Journal de Montréal à propos du projet Lindberg qui consiste à céder les trois appareils d’Hydro Québec à une compagnie et de la subventionner à la hauteur 45M$, a pris le milieu de l’aviation québécoise par surprise. Car à peu près personne n’était au courant de l’intention du gouvernement du Québec de se tourner vers l’homme d’affaires Serge Larivière qui n’a aucune expérience en gestion d’entreprise de transport aérien.

 

Pourtant, après que le gouvernement eût annoncé en 2016 son intention de tenir un sommet sur le transport aérien régional, il s’était tourné vers l’Union des Municipalités, le Conseil des Aéroports du Québec ainsi que l’Association québécoise du Transport Aérien afin d’obtenir leur participation. Normal puisqu’il existe au sein de ces trois associations toute l’expertise nécessaire afin de comprendre les problèmes du transport aérien régional au Québec. Déjà plusieurs des entreprises membres de ces trois regroupements ont présenté leur mémoire lors de la tournée régionale du sommet qui a présentement lieu.

 

Sous le couvert de l’anonymat, certains entrepreneurs nous ont expliqué qu’ils avaient fourni en toute bonne foi de l’information sensible lors des audiences régionales afin d’aider à la compréhension de leur réalité. Ces transporteurs craignent maintenant de voir cette information être récupérée par le gouvernement et le transporteur qui serait créé par le projet Lindberg pour être ensuite utilisée contre eux.

 

L’empressement du gouvernement à vouloir aller de l’avant avec le projet Lindberg est d’autant plus surprenant que l’idée même de mettre sur pied un transporteur régional avec l’aide de Québec commençait à faire son chemin parmi certains des intervenants.

 

Des entrepreneurs dans le domaine, seul M. Julian Roberts, qui est l’un des deux propriétaires de Pascan Aviation a accepté d’être cité. M. Roberts est l’un de ceux qui ont applaudi à l’annonce du sommet sur le transport régional et qui apprécie l’intérêt que lui porte le gouvernement du Québec. Cependant il a été estomaqué lorsqu’il a pris connaissance du projet Lindberg et il a surtout été dérouté d’apprendre que le gouvernement s’apprêtait à tourner le dos à tous ceux qui ont de l’expérience dans le domaine afin de confier un mandat aussi important à un entrepreneur qui n’a aucune expérience en aviation.

 

À vrai dire, le ton de voix de M. Roberts me faisait penser à celui d’un homme qui vient de recevoir un coup de poing en plein visage et qui ne s’est toujours pas relevé. Il faut comprendre que lui et son associé, M. Yanni Gagnon, sont avec Pascan depuis très longtemps. Ils croient tellement à la nécessité d’un transporteur régional au Québec qu’ils n’ont pas hésité à hypothéquer leurs avoirs personnels afin de relancer Pascan. Or depuis la parution de l’article dans le Journal de Montréal, M. Roberts reçoit sans cesse des courriels de gens inquiets, employés et clients qui lui demandent si l’entreprise peut survivre à la compétition que s’apprête à lui livrer Québec.

 

Pour nous il est évident que le point de vue de M. Roberts est représentatif de celui de bien des entrepreneurs en aviation au Québec, qui ont l’impression que Québec est attiré par le chant d’une sirène et leur tourne le dos. Si Québec s’entête avec le projet Lindberg, la tenue du sommet en février 2018 nous apparait complètement inutile puisque la décision aura été prise à l’été 2017.

 

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7 avis sur “Projet Lindberg, Québec tourne le dos aux transporteurs existants

  • François Bouchard

    Personnellement la réaction de l’industrie me rappelle le dossier de l’essence. Si on retourne dans le passé, on se souviendra que les détaillants indépendants pleuraient pour que le gouvernement les protège des gros dans le marché de la vente d’essence. Maintenant que c’est fait, les seuls qui vendent du gaz à des prix compétitifs sont Costco et un dénommé Régis à l’Acsension de notre seigneur. Bref, les indépendants suivent la parade des gros et rammassent tout ce qu’ils peuvent tous les jours.

    Une solution qui pourraient être mise en place demain matin et sans aucun coût, serait de vendre les places libres sur les vols HQ qui existent déjà. Si vous êtes curieux et matinal, allez faire un tour le vendredi matin dans le terminal de Air Inuit sur côte vertu et regarder le départ des vols HQ ce matin là. C’est indécent de voir de si gros avions prendre si peu de monde (2 ou 3) jusqu’à Bagotville et l’autre sur Rouyn je pense. Vendre ces places libres rentabiliserait ces segments là sans déranger le service de base et ça ferait sans doute crier et pleurer AC. Si on reste pragmatique, vendre des sièges vides pour diminuer le coût global du service aérien d’HQ reste d’une logique implacable.

    Je ne comprends pas que ça ne se passe pas comme ça depuis toujours.

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  • BernardP

    Comment le Gouvernement peut-il choisir « son » promoteur, au lieu de recourir à un processus d’appel d’offres plus tranparent?

    Avec toutes les histoires de corruption qui tournent autour du Gouvernement, comment celui-ci peut-il commetre une telle maladresse?

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  • Jacques Desorcy

    Nous allons encore assister a un autre dérapage du gouvernement libéral a mon avis. Prendre certaines décisions sans consulter, ce qui va probablement être très dommageable pour cette industrie.

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  • Robert Mainville

    Le gouvernement du Québec serait bien inspiré de regarder ce qui se fait en France, où le gouvernement subventionne des LIAISONS régionales, pas des transporteurs qui s’engagent à offrir les meilleurs tarifs. Par exemple, on subventionne chaque siège d’un vol YUL – YUY à hauteur de, disons, 100$ à l’entreprise qui s’engage à offrir le meilleur tarif sur cet axe. Cela représenterait une subvention annuelle de 3,5M$ environ (3 vols/jours @ 32 sièges). De cette façon, le gouvernement ne favorise pas une entreprise au dépend des autres et cela permet donc à plusieurs entreprises de compétionner et de coexister.

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  • Robert Mainville

    Correction (erreur de frappe) : …où le gouvernement subventionne des LIAISONS régionales, PAR des transporteurs qui s’engagent à offrir les meilleurs tarifs.

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  • André Lussier

    Facile à comprendre, un chum c’t’un chum. le reste c’est de la bouillie pour les chats. Pis speak white à l’usine, des fois qu’un étrange visiterait .

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