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Lettre ouverte de David Chartrand

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Le Syndicat des Machinistes est le plus important syndicat au monde en aérospatiale avec plus 184 000 membres répartis sur 1 000 conventions collectives.

Affilié à la FTQ, il représente depuis 1940 des dizaines de milliers de travailleurs et de travailleuses en aérospatiale au Québec, nous retrouvons aujourd’hui des membres des Machinistes au sein d’entreprises majeures comme Bombardier, Airbus, Rolls Royce, Héroux-Devtek, Safran Landing, L3-MAS, AJ-Walter, Air Canada, Air Transat et Siemens.

 

Bombardier doit survivre malgré les erreurs de ses dirigeants

 

Depuis que Bombardier a annoncé la suppression de 5000 emplois, dont 2500 au Québec, un fort sentiment anti-Bombardier monte en flèche dans la province. L’absence du p.-d.g. de Bombardier, Alain Bellemare, au sommet d’urgence convoqué par le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, ainsi que ses déclarations devant des investisseurs réunis à Bay Street ont soulevé la colère de beaucoup de Québécois et Québécoises à l’endroit de l’entreprise et de son patron.

 

Devant les difficultés que rencontre actuellement Bombardier, de plus en plus de Québécois et Québécoises se disent : « On n’en peut plus de ces bandits à cravate qui nous volent et qui se donnent de gros salaires, qu’ils ferment la shop et bon débarras ! » Le plus malheureux dans tout ça, c’est que cette frustration envers Bombardier met à risque les emplois de 15 000 travailleurs et travailleuses. Parce qu’en réalité, ce sont eux et leur famille qui souffriront, ce sont eux, Bombardier ; pas Alain Bellemare. Au final, si notre colère finit par avoir la peau de Bombardier, ce sont les travailleurs et travailleuses qui en payeront le prix et ils ne méritent surtout pas ça ; en fait, personne ne mérite ça !

 

Un riche héritage

L’héritage que Bombardier a entre les mains aujourd’hui remonte à 1928, lorsque la Canadian Vickers a commencé à fabriquer des avions. Durant tout ce temps, le coeur des activités de l’entreprise est demeuré au Québec. Le succès de l’aérospatiale a toujours reposé sur le génie et le savoir-faire des Québécois et Québécoises. Durant mes 28 ans passés auprès de Bombardier, d’abord comme assembleur puis comme représentant syndical, six p.-d.g. se sont succédé à sa tête. Comme moi, bon nombre de mes collègues dans cette entreprise leur ont survécu et ont pu faire continuer à faire vivre leur famille en travaillant en aérospatiale. Durant tout ce temps, nous avons eu à composer avec des entreprises et des patrons qui avaient plus à coeur la hausse des profits que les intérêts de leurs employés et de ceux du Québec. Ensemble, nous sommes passés au travers. S’il en est ainsi, c’est parce que l’aérospatiale fait partie de nous, elle fait partie de notre histoire. Ce que nous avons réalisé dans ce domaine, nous ne le devons pas à une entreprise privée ou à un p.-d.g. Tant que nous aurons la volonté de nous y investir, nous pourrons vivre de l’aérospatiale au Québec et nous demeurerons reconnus mondialement dans le domaine.

 

Même si nous avons raison d’être en colère contre la haute direction de Bombardier, il ne faut surtout pas jeter le bébé de notre aérospatiale avec l’eau du bain. Même si le comportement et les façons de faire de Bombardier plongent des milliers de Québécois et Québécoises dans l’incertitude, il ne faut pas sombrer dans un excès de colère. Nous devons consacrer nos énergies à trouver des solutions pour que ça ne se reproduise plus, plutôt que de souhaiter la mort d’un de nos fleurons industriels. Ces solutions passent par une implication solide et intelligente de nos gouvernements afin de promouvoir et de protéger les intérêts du Québec et de ses travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale.

 

L’aérospatiale est un pilier de notre économie et un moteur d’innovation technologique. Elle a un apport important dans le développement de la province depuis environ un siècle. Bombardier compose le noyau de cette industrie depuis 1986 et de nombreuses entreprises gravitent autour du constructeur pour décrocher des contrats. Il est donc avisé d’intervenir pour sa survie et son développement, mais pas n’importe comment. Nous devons le faire dans le respect des intérêts du Québec, de ses citoyens et citoyennes, de son économie. C’est pourquoi nous devons inclure systématiquement des engagements ainsi qu’un droit de regard lorsque l’on investit dans une entreprise. Nous devons, par exemple, obtenir des engagements sur le niveau d’emplois, le niveau d’activités, le développement de nouveaux programmes et la redistribution des retombées dans la société québécoise. Ainsi, nous éviterions des situations comme celle que nous connaissons en ce moment. Agissons, le temps presse.

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11 avis sur “Lettre ouverte de David Chartrand

  • Gilbair

    La colère a été, est et sera toujours mauvaise conseillère. Laissons passer la tempête. C’est bien connu, après la pluie le beau temps.

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  • Richard Custeau

    Oui mais à quel prix 😡
    Gang de crosseurs c’es dirigeants mérite un sévère punition !!!!!

    BRISEURS DE RÊVES 👊

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  • Jacques Barolet

    La culture d’entreprise laissée en héritage par l’incompétence et l’irresponsabilité de Pierre Beaudoin est à l’origine des déboires de Bombardier.

    Dur, dur de réprimer sa colère.

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  • louis martineau

    Très bonne mise au point pour le devenir de Bombardier inc. Faut pas se laisser distraire par toutes sortes d’affirmations gratuites sur l’avionneur Québécois pour ne pas dire hautement farfelu. Diriger une entreprise dans ce secteur c’est pas comme administrer un dépanneur de coin rue. L’aérospatiale est mondialisé la compétition est féroce, faut continuellement que la direction rectifie le tire et continue d’avancé pour sauver ces emplois et en créé d’autres. J’espère que les employé-es ne se laisseront pas distraire par ce négativisme ambiant venant d’un peu partout. C’est les premiers concernés à eux et leurs représentants de voir et de comprendre qu’elles attitudes à avoir pour sécurisé leurs emplois. https://www.lapresse.ca/affaires/economie/transports/201811/16/01-5204431-industrie-aerospatiale-laide-publique-est-indispensable-dit-charest.php

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    • Benoit Phaneuf

      Une chose est sur c’est pas facile de faire abstraction même avec le meilleur bon vouloir. Vivant le tout de l’intérieur, nous sommes les premiers à vouloir éteindre les feux du public ( nos familles passent des commentaires continuellement ) mais en même temps depuis le début du C-Series je dirais, le respect interne, la tappe dans le dos, l’esprit de famille caractéristique de Bombardier à complètement disparu de la ´shop’. La flamme s’amenuise de jour en jour et c’est pas à cause des travailleurs….. On a compris depuis très longtemps que notre avis ne comptait pas quand il faut régler des gros problèmes mais juste les profits, les temps cahiers etc… on travaille encore avec des outils du temps de Canadair et on fait de magnifique avion solide pour le vol. Présentement la compagnie semble chercher à diviser les travailleurs dans une usine de Montréal en y introduisant deux unités d’accréditation qui font les mêmes jobs sur le même plancher avec une négociation de contrat arrivant à échéance ! Vous pensez que ça aide à garder les esprits en bonne condition ça ? Que l’indice boursier tombe c’est normal …. tout est là devant nous. Les gens ont perdu confiance en cette compagnie devenue aussi froide que la neige qui l’a vue naître. Ça va prendre un méchant regard dans le miroir pour changer la perception. À l’interne ça fait au moins deux contrat de travails qu’on a demandé aux travailleurs de mettre de l’eau dans leur vins. Résultats des courses, C-Series ( merveilleux avion made in Québec ) s’appelle seulement A220 maintenant,. Les employés n’ayant plus accès à l’usine du C-Series s’ils perdent leur emploi ailleurs dans La régions de Montréal ( mobilité inter-usine ) s’en perdre tout leur acquis à travers les plans. Vous savez, c’est bien plus que ça au fond de nos cœurs de travailleurs, nos usines, notre savoir faire notre engagement semble être à vendre au plus offrant. C’est dur de garder le moral avec tout les exemples de compagnies lesquelles sont déjà parties par là avec la mondialisation.

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      • MarcelC.

        Ton commentaire est touchant Benoit.

        Il y a des cycles mon ami.

        Actuellement, c’est la finance qui mène le monde. L’argent ordonne ses diktats, et les humains suivent bêtement la vague. Dans l’économie réelle, les travailleurs n’ont pas la cote.

        À un certain moment, tout ça va changer, infailliblement. On produira les choses différemment, plus humainement. Ce qui aujourd’hui est accessoire deviendra essentiel; en quelque sorte, un renversement des valeurs. Au bout du compte, on verra bien ce qui pèsera le plus dans la balance. Je crois que les gars de ta trempe relèveront la tête et seront fiers d’eux-mêmes.

        Bombardier survivra certainement. Ses travailleurs sont trop importants pour le Québec. Et partout c’est la même chose car le monde et la finance ne peuvent exister sans d’honnêtes travailleurs.

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  • Jacques Barolet

    Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain consiste à éviter de se retrouver dans la même situation précaire que le chantier de la Davie lorsque le fédéral a octroyé les juteux contrats de construction de ses brise-glace et de ses navires de combat.

    Le redressement de la situation financière de l’entreprise est indispensable pour être en mesure de répondre de façon très concurrentielle aux appels d’offres en sous-traitance pour le remplacement de la flotte de chasseurs de sa Majesté. L’attribution d’un contrat est prévue en 2021 à 2022, et la livraison du premier chasseur en 2025.

    ÊTRE PROACTIF
    De plus, j’espère que Bombardier a déjà sur sa table à dessin des projets d’avions d’affaires supersoniques du futur ainsi que des prototypes utilisant des carburants plus verts sur ses futurs jets régionaux.

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  • Jean-François

    Beau message Benoît c’est exactement ce qu’on vie à l’intérieur et je parle en connaissance de cause

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  • Daniel Chassé

    J’ai travaillé chez Bombardier durant 19 ans, ayant quitté depuis 8 ans, j’y suis retourné en tant que sous-contractant il y a quelques mois pour une durée de 3 mois.

    C’est incroyable à quel point la perception des employés a changé depuis quelques années, les travailleurs ne veulent plus rien savoir des dirigeants, des gars comme Alain Bellemare, un sans coeur irrespectueux qui se fou de tout le monde, mais pas de ses redevances salariales et ses actions.

    C’est tellement triste de voir à quel des individus sans jugement et narcissique peuvent faire chavirer une entreprise de la sorte.

    Le gouvernement aveugle et inerte de Couillard qui n’a pas vu venir le coup, ou tout simplement de conivence avec ces salauds est tout aussi responsable, quelle merde cette société quand on y pense, malheureusement des histoires de la sorte, il y a en plein à travers ces multinationales, le petit peuple va toujours payer, plusieurs grands de ce monde comme on dit, vont toujours s’en sauver, et les pochents pleines, au détriments du peuple qui fait tourner la roue, quelle pourriture…..

    Dan C.

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