Histoire

Les débuts difficiles du CL-215 troisième partie

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Un dénouement inattendu

Les problèmes de moteurs et de contrôle du CL-215 persistent et au mois de juillet 1968 Paul Gagnon est désigné comme représentant du gouvernement québécois chez Canadair à Cartierville. Il s’installe dans un bureau attenant à l’usine de production des CL-215 afin de suivre de près la progression des travaux et il se trouve à rejoindre le représentant du gouvernement français ainsi que celui du Ministère des Transports du Canada qui sont sur place depuis un bon moment déjà.

 

En février 1969, comme le CL-215 n’a toujours pas obtenu sa certification, une réunion a lieu au bureau du directeur de la navigabilité du Ministère des Transports, M. Walter McLeish. Des représentants des gouvernements français, américain et québécois assistent à la réunion ainsi que des représentants de Canadair. Il en ressort que la configuration du CL-215 rend sa certification impossible à moins que ce ne soit dans la « catégorie restreinte ». Cette catégorie comporte des restrictions telles que :

  • limite de 150 heures entre la révision des moteurs
  • pas de vol aux instruments
  • pas de vol de nuit
  • pas de vol au-dessus des régions habitées
  • pas de transport de passagers, etc.

 

C’est le 8 mars 1969 que le CL-215 obtient sa certification, mais le document comporte un grand nombre d’exceptions qui s’étalent sur 13 pages. Puis en mai, M. Gagnon reçoit le rapport final d’une firme d’experts qui identifie pas moins de 37 items non conformes au contrat d’achat. En juillet 1969, M. Gagnon ferme son bureau chez Canadair alors que le dossier des CL-215 se retrouve au ministère de la Justice. M. Gagnon fera plusieurs représentations avec succès auprès des instances politiques afin de les convaincre de ne pas accepter les CL-215 puisque non conformes. Le gouvernement français aura pour sa part choisi d’accepter les avions et le CL-215 entra en service avec la sécurité civile française en juin 1969.

 

Le 29 avril 1970, Robert Bourassa du parti libéral du Québec remporte les élections provinciales et remplace Jean-Jacques Bertrand de l’Union Nationale comme premier ministre. Dans les semaines qui suivent M. Gagnon, rencontre le nouveau ministre de la Justice, M. Jérôme Choquette, pour lui faire une présentation détaillée du dossier des CL-215. Le ministre de la Justice semble alors enclin à suivre la recommandation du directeur du service aérien de ne pas accepter les CL-215 qui ne sont toujours pas conformes. Puis quelques jours plus tard, les représentants du service aérien, dont M. Gagnon, sont invités à une rencontre au ministère de la Justice afin de faire le point avec Canadair. C’est au cours de cette réunion que le ministre de la Justice annonce l’intention du gouvernement du Québec d’accepter de prendre possession des CL-215 à la condition que la commande soit réduite de 20 à 15 appareils. Paul Gagnon considérat cette annonce comme un échec personnel et remit sa démission sur-le-champ.

 

C’est donc en juin 1970 que le CL-215 fit son entrée en service au sein du service aérien gouvernemental. Avec le temps et les mises à niveau, le CL-215 a fini par se tailler une réputation d’avion de niche remarquablement bien adapté à sa mission de combat des feux de forêt. De son côté, bien qu’il se soit opposé à ce que le gouvernement du Québec prenne possession des CL-215, le rôle essentiel qu’a joué Paul Gagnon dans le développement du bombardier à eau fut reconnu en 1998 lorsque la Monnaie Royale Canadienne a émis une pièce de vingt dollars en argent à l’effigie du CL-215 puisqu’un camée en or de M. Gagnon figure aussi sur la pièce de monnaie.

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Je tiens à remercier M. Paul Gagnon pour m’avoir fourni un exemplaire de son livre : « Les Mémoires du Pilote du Jet à Lessage », dans lequel j’ai puisé la plus grande partie des informations au sujet de cette saga. M. Gagnon vend son livre; pour vous le procurer vous devez le contacter à l’adresse suivante : paulucile@videotron.ca

 

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One thought on “Les débuts difficiles du CL-215 troisième partie

  • Mark LaFrance

    Merci à vous d’avoir partager cette épopée. Les débuts difficiles sont souvent signe de succès.

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