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Les transporteurs aériens à bas prix au Canada

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Alors que WestJet s’apprête à lancer Swoop sa filiale à bas prix, il convient d’examiner ce phénomène d’un peu plus près afin de voir quelles sont ses chances de succès.

 

Quest-ce quun transporteur à bas prix?

Un transporteur à bas prix se définit par une structure de coût moindre qui lui permet d’offrir des tarifs nettement inférieurs aux autres transporteurs. Pour y arriver, il utilisera la recette suivante :

  • L’exploitation d’un seul type d’appareil.
  • Utilisation optimale des appareils.
  • Tarif unique avec une seule classe.
  • Vols de point à point seulement sans connexions.
  • Opère à partir d’aéroports secondaires et évite les grands aéroports avec des frais élevés.
  • Jeune entreprise avec une structure salariale basse.
  • Gestion dynamique et innovatrice.
  • Utilisation de l’internet comme outil principal pour la vente de billet et la promotion.
  • Cible une clientèle bien précise qui recherche d’abord de bons prix.
  • Le client achète le siège seulement et doit payer des extras pour les bagages, nourriture, etc.…

 

C’est cette formule bien précise qui a fait le succès de SouthWest Airlines qui est le plus grand transporteur à bas prix au monde avec près de 750 Boeing 737 en opération. Southwest Airlines a créé le modèle de transporteur à bas prix et elle est la plus rentable de tous puisqu’elle a déclaré des profits lors des 44 dernières années, constituant un record pour l’industrie du transport aérien. En Europe, les transporteurs aériens à bas prix, se sont accaparés près de 35% des parts de marché.

 

Durant ses dix premières années d’existence, WestJet était une transporteur à bas prix. Mais alors que la compagnie grandissait, elle s’est éloignée du modèle et maintenant, ses opérations ressemblent beaucoup plus à celles d’un transporteur traditionnel.

 

La réalité canadienne

Si la forte croissance des transporteurs à rabais aux États-Unis et en Europe laisse entrevoir un bon potentiel pour le Canada, la réalité est tout autre. Il existe une cinquantaine d’agglomérations de plus de 1 million d’habitants aux USA et une soixantaine dans l’Union européenne alors que le Canada n’en compte que six. Le marché canadien compte donc beaucoup moins de clients potentiels qu’il faut déplacer sur de plus grandes distances qu’ailleurs. Le nombre de liaisons de point à point qu’il est possible de rentabiliser avec une seul type d’appareil est donc très limité et cela explique pourquoi WestJet a lancé WestJet Encore en 2013 avec des Q400 sur des routes régionales.

 

Un autre obstacle à ne pas négliger pour un transporteur à bas prix, c’est le climat. Un transporteur à rabais qui veut optimiser l’utilisation de sa flotte doit prendre en en considération l’hiver canadien. Les jours de neige et de verglas entraînent des coûts plus élevés causés par le déglaçage ainsi que des retards qui diminuent le nombre de vols qu’un appareil peut effectuer en une journée. L’hiver amène donc des coûts d’exploitation supplémentaires sur lesquels un transporteur à rabais n’a aucun contrôle et cela tend à rétrécir l’écart avec les transporteurs traditionnels.

 

Mais le plus grand obstacle à l’établissement d’un transporteur à bas prix au Canada demeure la liste des aéroports désignés : il s’agit d’une annexe de la Loi sur le droit pour la sécurité des passagers du transport aérien qui identifie les aéroports qui ont le droit d’embarquer des passagers de vols réguliers. Les contrôles de sécurité aérienne ne peuvent être faits qu’à partir des aéroports présents sur la liste : un vol entrant dans un aéroport désigné doit provenir d’un aéroport désigné ; donc, seuls les aéroports désignés peuvent se desservir entre eux.  Cette loi adoptée en 2002 a pris une photographie des aéroports ayant des vols réguliers avec comme conséquence de figer le développement du transport aérien régional. Pour les 89 aéroports qui sont déjà sur la liste, ce sont les revenus du droit sur la sécurité des passagers du transport aérien qui servent à couvrir les frais. Le montant minimum est de 7,25 $ pour un aller simple pour un vol intérieur et le maximum est de 14,50 $ par billet. Lors de l’établissement de cette liste, c’est le gouvernement canadien qui a payé pour l’achat de l’équipement de sécurité.

 

Le gouvernement canadien refuse d’inscrire de nouveaux aéroports sur cette liste, à moins que les exploitants de l’aéroport ne s’engagent à payer eux-mêmes l’achat d’équipement ainsi que les frais d’exploitation annuels, dont les salaires des employés de l’ACSTA. Cette position est difficile à comprendre puisque selon les comptes publics du Gouvernement canadien pour l’exercice 2015-2016, le droit sur la sécurité des passagers du transport aérien a généré 721M$ alors que l’ACSTA avait un budget de 497M$ pour la période correspondante. Il y a donc un surplus de 223M$ en taxation, qui permettrait de financer de nouvelles installations afin d’ajouter de nouveaux aéroports sur la liste des aéroports désignés, à coût neutre pour l’ensemble des passagers au Canada.

 

SWOOP

La compagnie dont les opérations débuteront le 20 juin prochain, compte cinq destinations qui sont : Abbotsford, Edmonton, Halifax, Edmonton et Winnipeg. De ce nombre seul Abbotsford est un aéroport municipalisé dont les frais aéroportuaires sont bas. SWOOP va donc être obligé d’utiliser les mêmes aéroports que WestJet et Air Canada. Les frais aéroportuaires peuvent représenter de 20% à 30% du prix d’un billet d’avion au Canada et l’absence d’aéroports secondaires vient donc priver SWOOP d’un avantage compétitif important dont bénéficient les transporteurs à bas prix ailleurs dans le monde.

 

Par contre, le plus gros avantage de SWOOP est d’être une filiale de WestJet, car cette compagnie a beaucoup innové et elle a réussi à prendre sa place au soleil alors que très peu de gens croyaient en ses chances de succès. Tant que WestJet était un véritable transporteur à bas prix avec un seul type d’appareil, elle avait une structure de coût moins élevée qu’Air Canada, son principal concurrent. S’il existe une compagnie capable de mettre sur pied un transporteur canadien à bas prix, c’est bien WestJet et il faudra voir si durant les deux prochaines années la recette va fonctionner et surtout voir combien de liaisons SWOOP sera en mesure d’exploiter avec le modèle d’un véritable transporteur à bas prix.

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11 avis sur “Les transporteurs aériens à bas prix au Canada

  • Très belle synthèse André.

    J’espère que les low cost vont finalement avoir du succès au Canada, question de tirer les prix un peu vers le bas. Dommage que Jetlines ne prévoit pas desservir le Québec.

    Toutefois il faut être prudent avec ce modèle car les nombreuses options font vite grimper les prix. Lorsque je suis allé à Paris en mai dernier, Wow Air avait des prix très compétitifs mais les bagages en soute n’étaient pas inclus donc au final c’était plus cher qu’Air Transat et Air Canada.

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    • André Allard

      Pour Jetlines, je suis plutôt pessimiste, ca fait plus de cinq ans qu’ils sont supposé débuter leurs opérations me semble que ca traine.

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      • Et pour Swoop, est-ce que des liaisons à partir du Québec sont prévues ?

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  • Claude Beauchemin

    Inquiétude! Les avions (certainement usagés) sont-ils aussi bien entretenue en maintenance (Technique, mécanique etc…) que les avions de +/- 5 ans? Pour économiser certaine compagnies n’hésitent certainement pas a tout faire pour sauver des $$$!
    Il y a-t-il des lois internationals qui nous protègent?

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    • André Allard

      Si c’était le cas dans les années 70, les transporteurs à bas prix ont changé de tactique pour économiser sur l’entretien. De nos jours ils commandes des avion neufs qu’ils remplacent aux six à huit ans, cela évite d’avoir à faire des entretiens suturaux qui sont les plus dispendieux. En plus l’entretien est donné à contrat, il n’est donc pas nécessaire d’investir dans des hangars.

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  • Bonjour André,
    Des vols à rabais sont souvent de North amerique – europe /sud ou à l’intérieur d’un continent.
    Est ce que des vols à rabais inter-continental entre nord amérique et asie est valable?

    Merci!

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    • André Allard

      Le problème des vols trans Pacifique, c’est la distance car les B737MAX et A321NEOLR ne sont pas en mesure de faire la traversé. Or ce sont ces deux type d’appareils qui constituent le cheval de bataille des transporteurs à rabais. Le fait qu’ils soient capable de faire les traversée trans Atlantique explique la présence des transporteurs à rabais sur ses routes. Il ne faut pas oublier non plus que chez les transporteurs à rabais il n’existe que la classe sardine. Pas certain que ce sera très populaire de faire un vol de 10 ou 11 heures avec des sièges qui ont seulement 8 pouces d’espacement.

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      • Nicholas

        Il y a Norwegian avec des 787 qui fait du transatlantique

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        • André Allard

          Mais c’est le seul Low Cost à le faire et les autres n’ont pas l’intention de suivre… pour le moment.

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          • Oui mais le modèle est nouveau, IAG (Level) et Air France (Joon) lance leur propre low cost long courrier cette année. Level commence sa liaison Orly vers YUL en juillet à partir de 700$ pour un aller-retour (sans bagagges) en haute saison. Joon doit annoncer des destinations en Amérique du Nord bientôt.

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