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Une bataille Ontario Québec pour l’assemblage des Gripen E

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Nous sommes toujours dans l’attente d’une décision du fédéral concernant l’achat de Gripen E. Par contre,  l’annonce d’une commande doit précéder celle d’une ligne d’assemblage au Canada, cliquez ici. S’il s’est dit beaucoup de choses à ce sujet dernièrement, je n’ai lu aucun engagement ferme de la part du gouvernement envers le Québec. Dans ce dossier, il semble que l’on se dirige vers une autre confrontation Ontario-Québec, et voici pourquoi.

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Le rapport de force

Cela fait maintenant près d’un an que Donald Trump malmène l’industrie automobile ontarienne. Depuis quelques mois, l’emploi stagne au royaume de Doug Ford. Le premier ministre ontarien est à la recherche de solutions, et l’industrie aérospatiale doit lui paraître très attrayante.
L’Ontario compte 122 circonscriptions électorales fédérales contre 78 pour le Québec. C’est 56 % de députés de plus pour l’Ontario. C’est donc un rapport de force plus grand, surtout dans le contexte d’un gouvernement fédéral minoritaire.

Soyez assuré que le premier ministre Doug Ford n’hésitera pas à utiliser tous les moyens afin d’obtenir l’assemblage des Gripen.

Une vieille rengaine

Pendant ce temps, au Québec, les dirigeants politiques et de l’industrie aérospatiale me semblent optimistes. Personne ne monte aux barricades afin d’exiger que SAAB s’installe au Québec. Tout le monde agit comme si c’était chose faite.

Il faut dire que les multiples rencontres de la ministre canadienne de l’Industrie et ministre responsable du Développement économique Canada pour les régions du Québec ont sans doute rassuré les intervenants.

Je n’ai aucune raison de mettre en doute la bonne foi de madame Joly. Mais de nombreux ministres et députés fédéraux du Québec se sont fait jouer dans le dos avant elle. Si des députés et ministres ontariens magouillent contre elle, Mélanie Joly sera la dernière à en être informée.

Si vous me dites qu’en ce moment c’est bien silencieux à l’est du Québec à propos de l’assemblage des Gripen E, je vous répondrai que c’est justement ce qui m’inquiète le plus.

Une question de survie pour la CAQ

Depuis plus d’un an, le gouvernement de François Legault et la CAQ sont à la traîne dans les sondages. Mais voilà qu’un scandale au Parti libéral du Québec leur redonne certains espoirs. Pour arriver à survivre à la prochaine élection, ils ne peuvent pas se permettre de perdre l’assemblage des Gripen E. Il faudra donc, encore une fois, faire un gros chèque à une entreprise suédoise.

Mais surtout, je répète que ce qui m’inquiète le plus, c’est que je ne vois personne monter aux barricades. Il ne faudrait pas attendre d’être mis devant un fait accompli avant de se décider.

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2 avis sur “Une bataille Ontario Québec pour l’assemblage des Gripen E

  • Émil

    Bonjour à tous.
    Pas besoin de nous chicaner, nous devons choisir nos combats et au même temps il ne faut pas exagérer non plus. Si finalement Ottawa arrive avec une commande de 100 Gripen E, nous sommes dans l’obligation de réconforter nos généraux de l’armée et les faire assembler en Ontario.
    On va tous gagner.
    Salut.

    Répondre
  • Normand Hamel

    Il faut quand même souligner que le roi de la Suède a rencontré le premier ministre du Québec en plus du PDG de Bombardier, ce qui n’est tout de même pas anodin. De plus au Québec il y a Mirabel qui est l’endroit idéal pour assembler des avions militaires et où on en fait déjà l’entretien à grande échelle. Toute l’expertise se trouve donc concentrée au Québec.

    Sans compter les nombreuses institutions d’enseignement où l’on retrouve entre autres l’ÉNA qui est le plus grand collège en technique aéronautique au monde, ainsi que l’ÉMAM qui offre au niveau secondaire des formations spécialisées, souvent sur mesure, pour l’industrie aérospatiale. De plus à Montréal il y a déjà quatre universités qui offrent le génie aérospatial, dont l’École de technologie supérieure qui dès septembre prochain ira rejoindre l’ÉNA à Saint-Hubert dans ce qui est appelé à devenir un campus aérospatial de grande envergure. Mais ce n’est pas tout, car en plus de tout cela l’Université de Montréal, l’Université McGill et l’Université Concordia feront bientôt sous un même toit de la recherche dans le domaine aérospatial en collaboration avec Bombardier, Airbus et Boeing dans un nouveau centre de recherche qui sera situé dans le Technoparc de Saint-Laurent. Je parle ici du Centre collaboratif et d’innovation en aérospatiale et en mobilité (CCIAM) qui devrait voir le jour dans les prochaines années près de la station Marie-Curie du REM.

    Non, pour moi le principal enjeu se situe plutôt au niveau de la répartition des commandes d’avions de combat entre Lockheed et Saab, si tant il est qu’il y ait un partage de commandes, car il se pourrait très bien que le gouvernement canadien décide de rester avec le F-35 pour toutes sortes de raisons, dont certaines pressions en provenance de l’industrie canadienne qui ne veut pas perdre accès au marché lucratif du F-35 à l’international. Les porte-parole du gouvernement canadien entretiennent d’ailleurs un certain flou à ce sujet qui me laisse dubitatif.

    Il ne faut pas oublier non plus qu’avec l’assemblage du Gripen viendra également un centre de recherche affilié qui sera créé par Saab pour soutenir le développement du Gripen. Les dirigeants de Saab ont d’ailleurs à cet égard diplomatiquement souligné l’envergure de l’industrie aérospatiale canadienne, en particulier le fait qu’on y trouve en grands nombres une main d’oeuvre hautement qualifiée et expérimentée. La réalité c’est qu’en dehors de Montréal il n’y a que deux autres endroits dans le monde où l’on retrouve une telle expertise et ce sont les villes de Toulouse en France et Seattle aux États-Unis. Dans le domaine aéronautique le Québec occupe donc une place privilégiée et sans équivalent ailleurs au Canada.

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