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Bombardier est sur un sentier étroit

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Après la prochaine vague de réduction des effectifs, Bombardier ne comptera plus que 13 000 employés dans le monde. Au Québec et dans le monde, il y a maintenant trois à quatre fois plus d’anciens de Bombardier que d’employés actifs. 

Pour ma part, j’ai eu vent de plusieurs mises à pied depuis novembre dernier. Je connaîs plusieurs des personnes qui ont perdu leur emploi. Être remercié par un employeur est toujours une situation très désagréable à vivre. Un licenciement cause un impact considérable sur les finances et la vie sociale; de nos jours, une bonne partie de nos relations sociales tournent autour du travail. 

Toutes les personnes qui ont perdu leur emploi durant la pandémie vivent un très grand isolement; en plus de ne plus fréquenter les collègues de travail, ils ne peuvent fréquenter parents et amis. C’est par milliers que des gens ont été mis à pied chez Bombardier et je suis de tout cœur avec eux. Je me sentais incapable de commenter les finances de l’entreprise sans cette pensée pour les ex. 

Les finances

Au mois d’août dernier, ma collègue Claudia Ouellet et moi avons fait une présentation de la situation et des perspectives de Bombardier. Durant cet épisode spécial de l’AéroPod, j’avais évalué que les revenus de Bombardier serait de 5,95 G $ en 2021. Vendredi dernier, Cameron Doerksen de la financière Banque Nationale a établi sa prévision à 5,6 G $. Les revenus du fabricant d’avions d’affaires ne devraient donc pas poser problèmes en 2021.

Cependant, l’avionneur va continuer d’avoir un flux de trésorerie négatif durant la première moitié de 2021. C’est la courbe d’apprentissage du Global 7500 qui est responsable de cette situation. Ce n’est donc qu’à partir de la deuxième moitié de 2021 que l’entreprise fera des profits sur les Global 7500 livrés.

Au total, la pandémie a couté 1,9 G $ à Bombardier et cela se reflète dans son niveau d’endettement élevé. En 2021, la compagnie devra rembourser 1,9 G $ et 1,4 G $ en 2022. La compagnie aura le choix de rembourser 100 % de ces deux prêts ou d’en refinancer une partie si elle le désire. La décision dépendra des taux d’intérêt qu’elle sera en mesure de négocier. Mais au bout du compte, sa dette doit obligatoirement baisser. 

Faire baisser la dette en 2021 implique que l’avionneur réussisse à contrôler ses coûts maintenant. Bombardier voit devoir contrôler ses procédés d’assemblage comme jamais elle ne l’a fait au paravent. 

Les ventes

Bombardier a déclaré que pour 2021, elle avait moins de positions libres pour des livraisons qu’à pareil date l’an dernier. Autrement dit elle a reçu plus de commandes pour livraison rapide que l’an passée. Mais c’est loin d’être suffisant pour annoncer une augmentation des cadences de production.

Bien que la reprise dans le secteur de l’aviation d’affaires soit évidente, les gros clients vont attendre avant de passer des commandes significatives : c’est vrai que les opérateurs de flotte recrutent beaucoup de nouveaux clients. Mais les clients volent beaucoup moins qu’avant, surtout sur les vols internationaux. Au total, les avions sont moins utilisés qu’avant la pandémie. De plus, les opérateurs ont recommencé à accepter les livraisons d’avions neufs et ils pourront faire face à la hausse à court terme. Ils voudront donc attendre que la pandémie soit chose du passé avant de se commettre financièrement sur de nouvelles commandes. 

Il faudra donc attendre la deuxième moitié de 2021 pour que les commandes reprennent significativement. À ce moment-là, il faudra que Bombardier réussisse à décrocher sa part de commandes et au bon prix. Les ventes sont l’autre aspect critique où l’avionneur doit réussir afin de se donner une nouvelle marge de manœuvre. 

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15 avis sur “Bombardier est sur un sentier étroit

  • louis martineau

    L’épais brouillard qui recouvrait l’avionneur Québécois de 2010/2020 en particulier, semble se dissiper lentement mais surement. Malheureusement des milliers d’employé.es en on payer le prix même s’ils sont nullement responsables des décisions prises de bonne fois sans doute avant 2010. Ce qui à donner sans le vouloir comme résultat, que Bombardier n’est plus que l’ombre de lui même aux niveaux d’actifs et d’employé.es. Mais heureusement l’avionneur d’ici est en bonne position pour réussir un nouveau départ pas de doute la dessus. Excellent post d’André sur Bombardier.

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  • Il ne faut pas oublier le fond de retraite de Bombardier qui est sévèrement sous-financé.

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    • louis martineau

      V ..Et oui, le fond de retraite comme bien d’autres problèmes seront corriger avec le temps sans doute. Faut surement pas oublier que l’avionneur Québécois était à deux à doigts du R.I.P à partir de 2015. Des moyens radicaux justifiés pour les uns et discutables pour les autres, furent appliquer pour éviter une vente ou au pire un démantèlement. Avec l’expansion du marché des business jets surtout à partir du deuxième semestre de 2020, une fenêtre d’opportunité c’est ouverte pour les fabricants de ces aéronefs comme pour ceux de Bombardier. Remettre une compagnie sur les rails ça se fait rarement en un claquement de doigts. Le facteur temps pour Bombardier est plus que primordiale pour réussir un nouveau départ.

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      • Il me semble que la taille de Bombardier est toujours trop importante pour le périmètre et le volume d’activités actuels.

        Il va falloir tailler plus sévèrement dans les rangs des managers et directeurs pour rendre l’organisation plus agile, flexible et efficace.

        L’organisation de l’ingénierie est aussi beaucoup trop lourde dans l’état actuel, d’autant plus qu’il n’y aura pas de nouveau programmes majeurs dans les cinq ans à venir.

        On peut me juger comme cruel, mais c’est bien le prix à payer pour que cette entreprise survive.

        La concurrence est forte dans le segment des avions d’affaires et les autres font souvent partie d’un groupe plus grand.
        Bombardier vient de devenir un petit joueur. Ca peut devenir un avantage, mais pour cela il faut une agilité et efficacité sans pareil, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui.

        Je ne souhaite que du succès pour Bombardier car j’ai encore plus de 10 000 actions qui ont perdu plus de 80% de leur valeur. Donc, détrompez vous. Je ne dis pas du mal de Bombardier.
        Je ne souhaite que le meilleurs choses pour cette entreprise pour le bien de l’industrie aéronautique québécoise et pour le bien de mes actions.

        Plus vite cette entreprise se porte bien, plus je suis content. Pour le moment, j’ai encore des doutes.

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        • louis martineau

          V .. Normal d’avoir des doutes, disons que Bombardier inc revient <> ou presque. Sa <> est bien réel, encore un peu de temps pour reprendre son en vol et tous pourront dire alléluia. L’avionneur Québécois est de retour mais ça fait mal à quelques milliers d’employé-es malheureusement et aux actionnaires. Comme personne ne peu revenir en arrière vaut mieux faire avec et aller de l’avant.

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  • Richard Tremblay

    On parle souvent des revenus de Gulfstream et de la division militaire de Général Dynamics ou de Boeing Space ou militaire.
    Ottawa lors de l’attribution du contrat d’achat des prochains avions de chasse pourrait favoriser le prochain fournisseur qui devrait étendre une collaboration avec Bombardier.
    Créer une nouvelle division militaire d’assemblage primaire ou final a partir de l’expertise déjà existantes chez Bombardier. Si le militaire est si porteur pour Gulfstream alors pourquoi on forcerait une sous-division dans l’attribution d’un nouveau contrat. Ça pourrait même déboucher sur de la maintenance préventive de l’entretien ou même la capacité overhaul. On jase là…..pourquoi ne pas provoquer les choses. Ce serait bien que Boeing redonne après tout se qu’il à fait subir à Bombardier.

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  • Sylvain Tanguay

    Bonjours,

    Possible de connaître la capacité de production des trois avions Global à partir de 2023 ?

    Merci

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  • André Allard

    EN 2020 BBD a livré 59 avions de la famille Global et c’est loin d’être sa capacité maximum. En 2023, les deux lignes d’assemblage du Global déménageront de Downsview à Pearson et il sera alors difficile de dire quelle sera la production à ce moment-là. Mais du point de vue théorique, la capacité pourrait être doublée sans avoir à agrandir les installation actuelles mais juste à mettre plus de monde sur la production.

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  • Richard Tremblay

    Bombardier militaire. Je comprends qu’il y a beaucoup d’inconnus mais vaudrait mieux investir dans un partenariat et profiter d’un effet de levier d’un mega contrat gouvernemental.
    Je me mets à la place de Trudeau aider directement Bombardier serait très mal reçu par contre l’inclure et même l’imposer comme intégrateur et ressource maintenance à long terme passerait pas mal mieux aux yeux du publique.
    Faut comprendre qu’ici on n’a pas trop de contenus canadiens dans nos gros contrats. Par contre quand il vient le temps de vendre aux US on doit assurer 70% de contenus Américains. Je sais que Boeing est à genoux présentement et je sais aussi que le gouvernement Canadien cherche une porte de sortie pour l’aérospatiale. Alors faut bien provoquer les choses d’une manière ou d’une autre. Boeing pourrait faire une offre de cooperation ou d’acquisition de Bombardier en se sens. Les deux gouvernements doivent supporter leur fabricants. Je suis pas un expert mais je constate qu’il y le feu qui couve et faut qu’ils réagissent pour la pérennité de leur industries. Voilà une idée qui devrait cheminer à Justin

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  • André Deshaies

    Bombardier a joué la mauvaise carte en développant plusieurs nouveaux projets en même temps, ce qui implique beaucoup d’argent pour la mise en œuvre de ceux-ci, la direction à vu grand. Touchant maintenant le terrain des gros porteurs ils subissent les foudres dévastatrices de Boeing. Une décision de l’OMC en faveur de Bombardier mais tellement tardive que le mal était déjà présent, puis s’en suit la fameuse pandémie qui plombe l’aviation et plus. Je suis un retraité de 35 année au sein de Bombardier, j’ai toujours une grande fierté de notre compagnie et nos superbes beaux avions qui sortent de l’usine et sont vendus à travers le monde. Ma consolation c’est que notre C series est toujours vivant sous le nom de Aibus 220 malgré tout ce qui s’est passé. Enfin allons de l’avant, retroussons nos manches et Bombardier va retrouver sa force légendaire. Merci

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