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C’est bel et bien Alain Bellemare qui prend les décisions chez Bombardier

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Presqu’à chaque fois que des décisions importantes prises par Bombardier sont rendues publiques, deux commentaires reviennent souvent : le premier est à propos de l’emprise que la famille Beaudoin-Bombardier exerce sur l’entreprise ; formulé de façon légèrement différente d’une fois à l’autre, ce commentaire fait toujours référence au fait que le président de Bombardier, Alain Bellemare, aurait les deux mains liées et que ce serait la « famille » qui prendrait les décisions ; l’autre commentaire que l’on entend souvent est que « cela fait depuis 2001 que l’on entend parler de réorganisation au sein de l’entreprise et que rien n’a vraiment changé depuis ». Ces commentaires étaient peut-être fondés avant l’arrivée de M. Bellemare mais celui-ci a posé plusieurs gestes depuis son arrivée à la tête de Bombardier qui tendent à prouver que c’est bien lui qui est en contrôle.

 

Dès février 2015, la nomination d’Alain Bellemare tranche avec le passé puisque c’est la première fois que Bombardier recrute un président venant de l’extérieur et ayant fait carrière presque exclusivement dans l’aérospatiale. Il possède un diplôme d’ingénieur en aérospatiale et une maîtrise en Administration des Affaires de l’université McGill. À son dernier poste avant de se joindre à Bombardier, M. Bellemare était président et chef de la direction d’UTC Propulsion & Aerospace Systems, une entreprise ayant des revenus de 30 milliards $ US soit presque le double de Bombardier. Dès l’annonce de sa nomination, le Learjet-85 a été envoyé aux boules à mites et le nouveau président a pris soin de mentionner qu’il était là pour redresser la situation et que toutes les options étaient sur la table.

 

Dans les mois qui suivirent, M. Bellemare a entamé le remaniement des conseils de direction des compagnies qui composent Bombardier. Les nominations de John Di Bert, Fred Cromer, Collin Boyle et Nico Buchholz obtiennent l’approbation des médias spécialisés en aérospatiale et formeront le noyau autour duquel il assemblera son équipe. À ce jour, il a procédé à pas moins de 22 nominations à des postes exécutifs ;  14 de ces hauts dirigeants provenaient de l’extérieur de l’entreprise et seulement 8 ont été recrutés à l’interne, rompant ainsi avec la tradition d’engager à l’interne et localement.

 

Avec deux tiers des nouvelles nominations venant de l’extérieur, une majorité des hauts dirigeants ont à offrir de nouveaux réseaux de contact, des idées différentes et une analyse originale ouvrant de nouvelles perspectives. L’apport d’autant de nouveaux talents venant de l’extérieur finira peut-être par se traduire en un changement de culture d’entreprise si ce n’est pas déjà commencé.

 

À son premier dévoilement des résultats trimestriels, Alain Bellemare a annoncé une importante réduction des cadences de production des avions d’affaire Global afin de s’ajuster à la réalité du marché qui était au ralenti. Il a par la suite annoncé deux autres importants programmes de mises à pied qui touchent toutes les divisions de Bombardier et tous les niveaux hiérarchiques, laissant sur le carreau plus de 15 000 personnes. Aucun autre président de Bombardier n’était allé aussi loin ; quand il a débuté son mandat, la multinationale comptait plus de 75 000 employés. Elle en comptera moins de 60 000 d’ici la fin de 2018.

 

La décision la plus audacieuse qu’ait prise M Bellemare a été rendue publique le 6 octobre 2015, alors que l’on apprenait que Bombardier avait eu des discussions secrètes afin de vendre une participation dans le C Series à Airbus, confirmant ainsi que toutes les options étaient sur la table. Il faut admettre qu’il fallait un certain culot et surtout avoir carte blanche de la part des actionnaires de contrôle afin d’entamer une telle négociation. Il est difficile d’imaginer son prédécesseur, Pierre Beaudoin, en faire autant.

 

Enfin, il est reconnu que le plus gros problème dans la commercialisation du C Series était l’entêtement de Pierre Beaudoin et de son conseil d’administration à refuser de consentir de forts escomptes à quelques gros clients afin de créer un momentum. Là encore, Alain Bellemare a posé un geste de rupture important avec la signature des commandes d’Air Canada et de Delta.

 

Voilà donc autant de choix faits par M. Bellemare qui font mentir le dicton qui dit que plus ça change plus c’est pareil.

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One thought on “C’est bel et bien Alain Bellemare qui prend les décisions chez Bombardier

  • Claude Beauchemin

    Excellent André. Surtout le dernier paragraphe est le résumé du nouveau Bombardier que beaucoup de personnes, critiques, journalistes ne font pas la part des choses entre l’ancienne et cette nouvelle gestion (moderne) de Bombardier dans son ensemble.
    La ”famille” est en ”Low Profile” et ne s’ingère plus dans la gestion directe. Il était temps! Ouf!

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