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La plainte de dumping, peu d’impact sur les ventes de C Series

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Comme bien des observateurs de l’industrie aérospatiale, le dépôt de la plainte de Boeing qui accuse Bombardier de faire du dumping avec le C Series, nous est apparu initialement comme une menace importante pour les ventes de cet appareil aux États-Unis. Mais après mûre réflexion, il se pourrait bien qu’à long terme les effets soient très limités et ce, même si Boeing obtenait gain de cause.

 

Revenons d’abord sur certains des arguments de base présentés par Boeing. Le géant américain prétend que Delta Airlines aurait payé ses CS100 un peu moins de 20 M$ alors que le coût de production des appareils se situerait à 33 M$ selon Boeing. Il est important de comprendre qu’il est dans l’intérêt de Boeing d’exagérer à la baisse le prix de vente à Delta tout en exagérant à hausse le coût de fabrication du CS100. Car plus l’écart entre les deux est élevé plus la pénalité que devrait verser Delta Airlines sera élevée, rendant ainsi l’achat de CS100 moins attrayante.

 

Selon les informations qui ont circulé sur les sites spécialisés en aviation et en aéronautique, Bombardier n’aurait conclu à ce jour qu’une seule vente en dessous de 33 M$ l’unité et c’est justement celle avec Delta Airlines avec un prix unitaire avoisinant les 28 M$. L’autre vente impliquant un fort escompte est celle de 45 CS300 à Air Canada et selon les mêmes sites spécialisés le prix unitaire de cette transaction serait justement de 33 M$.

 

Puisque Bombardier Avions Commerciaux a clairement indiqué qu’elle souhaitait un redressement du prix de vente des prochaines commandes de C Series, il ne devrait plus y avoir de vente sous la barre de 33 M$ l’unité. Donc même si Boeing devait l’emporter sur toute la ligne, cela ne devrait pas avoir d’impact sur les ventes de C Series dans le futur.

 

Une chose est sûre, afin de contrer l’argumentation de Boeing, Delta Airlines et Bombardier avaient intérêt à déposer, sous le sceau de la confidentialité, le contrat signé entre les deux parties, surtout si l’écart est énorme avec l’estimation faite par le fabricant de Chicago. L’autre grande certitude est que Boeing sait maintenant le prix exact que Delta Airlines a payé pour les CS100 et qu’elle a aussi une très bonne idée du coût de production réel du C Series. Boeing est donc maintenant en mesure d’évaluer la menace réelle que poserait le CS500.

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10 avis sur “La plainte de dumping, peu d’impact sur les ventes de C Series

  • Anarazel

    Peu d’impact sur les vente si l’on considère qu’ils n’en vendent pas, oui c’est vrai, mais dans les fait, les droit compensatoire pourraient faire mal, voir même limiter de façon importante l’accès au marché américain non ???

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    • André Allard

      Le droit compensatoire est pour les ventes en bas du coût de production, si Bombardier vend des C Series aux USA à plus de 33 M $ alors il n’y aurait pas de droit compensatoire. Maintenant reste à savoir à quel sera le coût de production que va retenir le département du commerce américain. En ce moment les avions de lignes se vendent aux environs de 250 000$ le siège, soit 31,25 M $ pour un CS 100 et 36,25 M$ pour le CS300 selon cette moyenne.

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  • Capitaine Scarlet

    Historiquement, toutes les entreprises américaines qui ont eu recours à ces deux instances décisionnelles en matière de commerce ont gagnées…On doit s’attendre à davantage de réactions et de pression de la part des compagnies aériennes américaines. Et puis, pour ce qui est des secrets d’affaires comme le prix réel, ne soyons pas naïf: Airbus a déjà perdu des ventes au profit de Boeing avec le système Échelon, que je vous invite à découvrir ou à redécouvrir: https://www.monde-diplomatique.fr/mav/46/RIVIERE/1908

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  • Anarazel

    Donc Bombardier devrait vendre ses Cseries au prix catalogue et sans rabais pour ne pas se voir imposé des pénalité ??? On sait que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne et Boeing le sait aussi.

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    • André Allard

      Le prix catalogue du C Series est de 79,5 M $ pour le CS100 et de 89,5 M $ pour le CS300. Même avec un escompte de 50% sur le prix catalogue BBD est encore bien au dessus du 33 M $ que Boeing a inscrit comme coût de production.

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  • Normand Hamel

    Est-ce un hasard si le prix de revient est 33M$ alors que Air Canada aurait payé le même montant pour ses appareils? Autrement dit Bombardier aurait vendu à Air canada au prix coûtant. Mais s’agit-il du prix coûtant actuel ou du prix coûtant projeté dans le futur lorsque les appareils d’AIr Canada seront sur la chaîne de montage?

    Une chose est certaine, à l’heure actuelle où Bombardier livre à peine deux avions par mois, tout en en produisant environ trois, et est obligée de sous-contracter à l’extérieur, les coûts de production doivent être exorbitants.

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    • André Allard

      Il s’agit du coût de production une fois la courbe d’apprentissage terminé selon moi, car à l’heure actuelle produire un C Series doit effectivement avoisiner le 65 M $. Pour ce qui est des livraisons, on s’en reparles à la fin du mois car ce n’est effectivement pas dans la poche en ce moment. l’E-175 s’est vendu parce qu’il n’était pas chère un point c’est tout, les compagnies régionales qui les opèrent étaient et sont encore dans une compétition féroce pour obtenir les contrats des grands transporteurs.

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      • Normand Hamel

        Il est clair cependant que le 45e CS300 qui sera livré à Air Canada aura coûté moins cher à fabriquer que le 1er. C’est que lorsque la cadence de production sera rendue à 10 appareils par mois la quantité de personnel ne devrait pas avoir augmentée sensiblement alors que les frais fixes seront restés essentiellement les mêmes.

        La beauté de la courbe d’apprentissage est que lorsque l’on a réussi à passer de l’autre côté les profits sur chaque appareil sont alors à leur maximum au même moment où on en livre un maximum. Mais si Bombardier veut être en mesure de maintenir une telle cadence en 2020 elle devra entretemps avoir engrangé de nouvelles commandes importantes.

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  • Merci André pour les infos. BBD a vendu des CS100 à Delta 28 millions et des CS300 à Air Canada 33 millions. Un écart de 5 millions entre les 2 versions. On ne peut pas dire que BBD a vendu moins chère à Delta qu’à Air Canada. Pas de dumping. Si l’écart réel entre le prix de vente et le coût est de 5 millions, Boeing perd toute sa crédibilité en réclamant des droits de 150% du prix de vente alléguée de 20 millions soit 30 millions. Il faut expliquer la courbe d’apprentissage aux authorités car le coût moyen des 75 CS100 pourrait bien être de 28 millions.

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  • Anarazel

    Merci André pour tes articles et tes réponses. Toujours intéressant de te lire 🙂

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