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Les attentes de Boeing par rapport à l’industrie aéronautique canadienne

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En 1986 Boeing est en compétition avec Airbus afin de décrocher la commande d’avion monocouloir qu’Air Canada, qui est une société de la couronne à cette époque, se prépare à passer.

 

Afin de plaire au gouvernement canadien, Boeing fait l’acquisition des mains d’Ottawa de la compagnie De-Havilland du Canada en promettant de maintenir la production du Twin-Otter et du Dash-7. Mais à peine quelques mois après que la transaction n’ait eue lieu, Boeing cesse la production des deux appareils et se dépêche de démanteler les deux lignes d’assemblage. Malgré tout, elle continue de promettre au gouvernement canadien d’importantes retombées économiques si Air Canada choisit le Boeing 737.

 

Mais en 1988 les flagorneries de Boeing ne trouvent pas preneur et elle perd la commande d’Air Canada aux mains de son compétiteur Airbus et de l’A320. Dans les mois qui suivent, Boeing met en vente De-Havilland du Canada qui sous sa férule n’aura mis que deux ans à péricliter. Puis en 1992, pensant sans doute avoir réussi à tuer la production d’avions commerciaux au Canada, Boeing vend finalement De-Havilland à Bombardier. Mais l’escadre de vice-présidents et membres de la direction de Boeing ignorait sans doute à quel point Laurent Beaudoin est un homme d’affaires à la fois visionnaire et bâtisseur.

 

29 ans plus tard, Boeing se retrouve encore dans une situation où elle tente à la fois de mettre la main sur une importante commande du gouvernement canadien et de se débarrasser d’un concurrent plus petit. Ce qu’il y a de surprenant dans les événements récents entourant la plainte de dumping que Boeing a déposée contre Bombardier, c’est le sans gêne avec lequel des membres de la division militaire de Boeing ont tenté de maintenir les discussions avec Ottawa au sujet de l’achat par ce dernier de 18 chasseurs Hornets. Comme si de rien n’était et que le Canada se devait d’accepter le choix de Boeing.

 

S’il est vrai que le contrat original des chasseurs F/A 18 Hornets a généré des retombées économiques importantes pour l’industrie aérospatiale canadienne, c’est parce que ce contrat avait été négocié avec la compagnie Mc Donnell Douglas qui était le concepteur avant son rachat par Boeing. Mais les négociations récentes pour l’achat de 18 Super-Hornet donnent à penser que Boeing n’offrira rien en retour des milliards du gouvernement canadien.

 

La plainte de dumping déposée par Boeing met en lumière les attentes de cette dernière vis-à-vis le Canada qui pour elle n’est qu’un client et pas un partenaire. Le message est de plus en plus clair : Boeing n’en a rien à cirer de l’industrie aéronautique canadienne ou québécoise et des retombées.

 

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17 avis sur “Les attentes de Boeing par rapport à l’industrie aéronautique canadienne

  • Et si vous vous rappelez bien de la commande de 65 F-35 qui a été annulée, ce n’était guère mieux avec Lockheed Martin.

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  • Des Rafals ou Eurofighter à la place?

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    • André Allard

      En fait depuis la fin des années 50 avec l’Arrow que l’industrie aérospatiale américaine tente d’étouffer celle du Canada. Il serait grandement temps que le gouvernement canadien cesse d’acheter américain pour ses besoins militaires et se tourne vers l’Europe, cela permettrait de remettre les pendules à l’heure.

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  • Robert Mainville

    J’habite relativement près de Mirabel et la plainte de Boeing à l’endroit de Bombardier touche les gens de ma région. J’ai donc écrit à mon député fédéral, Ramez Ayoub, pour lui faire savoir que je trouve la réaction du gouvernement canadien plutôt molle. Voici sa réponse (qui ne contient aucune surprise, vous comprendrez) :
    « Bonjour M Mainville
    Merci de partager vos préoccupations avec moi, je tiens à vous rassurer quand à la défense de notre industrie aéronautique…. rien de nouveau si je vous dis que c’est une priorité. Il y a, vous vous en doutez, beaucoup de jeux de coulisses et évidemment notre gouvernement ne négocie pas sur la place publique (ou très très rarement). Mais soyez rassuré je suis tout aussi concernés et reste très vigilant dans ce dossier. Au plaisir d’échanger d’avantage. »

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    • André Allard

      C’est toujours une excellente idée que d’écrire à son député, les gens ignorent souvent que ces derniers ont peu de contacts avec leurs électeurs et quand ils reçoivent 10 ou 20 lettres sur le même sujet cela leur fait souvent prendre conscience de l’importance d’un enjeu. Il est par contre très important de demeurer poli lors d’une telle lettre, car insulter quelqu’un dont on souhaite obtenir le soutien est une très mauvaise façon d’obtenir sa sympathie. Alors je recommande à tous les gens qui souhaitent un soutien sans équivoque de l’industrie aérospatiale d’ici par le gouvernement d’en faire autant.

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  • Mathieu L.

    Pourquoi on s’en occuperait pas de nos besoins militaires?? On a juste à relancer la production militaire ici, celà relancerait un beau débat poilitique!

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    • André Allard

      Le question mérite certainement d’être posée et débattue.

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  • Normand Hamel

    « Puis en 1992, pensant sans doute avoir réussi à tuer la production d’avions commerciaux au Canada, Boeing vend finalement De-Havilland à Bombardier. »

    Boeing n’a jamais vendu de Havilland à Bombardier. Elle a simplement remis les clés de la compagnie au gouvernement de l’Ontario pour éviter une fermeture totale et définitive.

    C’est que Boeing avait englouti des centaines de millions de dollars dans la modernisation de l’usine et ne voyait pas le jour où cela s’arrêterait. Elle a donc tout simplement décidé de cesser ses activités. Mais elle n’a pas pu trouver d’autres repreneurs que le gouvernement de l’Ontario. Ce dernier a plus tard vendu 50% de la compagnie à Bombardier avec promesse de lui remettre l’autre moitié si les choses allaient bien après environ deux ans je crois.

    C’est donc du gouvernement de l’Ontario que Bombardier a racheté de Havilland, et non de Boeing. Bombardier avait déjà en 1986 racheté Canadair du gouvernement fédéral, et en 1989 elle avait racheté Shorts du gouvernement de la Grande-Bretagne. Les trois transactions ont donc eu lieu dans des circonstances très similaire et à quelques années d’interval seulement.

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    • En 1992 Boeing a bien vendu a Bombardier et au gouvernement de l’Ontario la compagnie De Havelland Canada qui était propriété de Boeing. http;//www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/de-havilland-aviation-du-canada-limitee/ De mémoire je crois que quelques années plutards l’Ontario a vendu ces parts a Bombardier.

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      • Normand Hamel

        Tu as bien fait de vérifier car cela m’a forcé à revoir mes notes afin de me rafraichir la mémoire. En fait le gouvernement de l’Ontario et Bombardier ont racheté conjointement la compagnie de Boeing.

        Si Bombardier n’avait pas accepté l’offre du gouvernement, l’Ontario se serait retrouvée la seule propriétaire de la compagnie, comme lorsque General Dynamics a vendu Canadair au gouvernement canadien en 1975. Mais pour s’assurer de la participation de Bombardier, qui commençait alors à avoir une certaine expertise dans le domaine de l’aéronautique après l’acquisition de Canadair, Shorts et Learjet, le gouvernement de l’Ontario a offert à Bombardier une participation de 51% tandis qu’elle gardait pour elle 49%, tout en offrant à Bombardier l’option d’acquérir cinq ans plus tard la part de l’Ontario si elle le désirait. L’Ontario* a donc agit comme intermédiaire, et de ce que je me souviens de cette époque Boeing était prête à lui remettre les clés de la compagnie tellement elle perdait d’argent avec de Havilland.

        Il est permis de penser que le gouvernement fédéral aurait sans doute procédé d’une manière semblable lorsqu’elle a acquis Canadair si il y avait eu à l’époque un Bombarder Aéronautique. Mais l’industrie aéronautique canadienne traversait alors un creux et le Canada n’avait d’autre choix que de se porter acquéreur de Canadair à 100%, tout comme l’aurait d’ailleurs fait l’Ontario si il n’y avait pas eu Bombardier pour partager le risque. Mais l’aventure solitaire d’Ottawa nous aura tout de même donné le Challenger, qui nous a donné le CRJ, qui lui-même nous a donné le C Series… 🙂

        * Le gouvernement fédéral prenait part lui aussi aux négociations avec Boeing.

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  • Normand Hamel

    « S’il est vrai que le contrat original des chasseurs F/A 18 Hornets a généré des retombées économiques importantes pour l’industrie aérospatiale canadienne, c’est parce que ce contrat avait été négocié avec la compagnie Mc Donnell Douglas qui était le concepteur avant son rachat par Boeing. »

    McDonnell-Douglas a effectivement maintenu des emplois à Winnipeg à l’époque grâce à cette commande. Et aujourd’hui cette compagnie s’appelle Boeing Canada et emploie plus de 1,500 personnes. Il faut cependant comprendre que ces emplois sont aujourd’hui menacés par cet imbroglio. Il en va de même des emplois chez L-3 MAS à Mirabel qui sont liés au contrat de la US Navy pour la réfection de ses F-18.

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  • Boeing a intérêt à maintenir le statu quo au Canada pour les emplois. Il ne doit pas oublier que le Canada a acheté des C17, des Chinook ces dernières années. Air Canada et Wesjet ont commandé beaucoup de Boeing. En fait dans les 150 passagers et plus, il y aura juste du Boeing dans quelques années. Boeing ne cesse de répéter que le Canada est un partenaire qui est important pour lui en aéronautique. Depuis quelques semaines Boeing est en train de rallier le reste du Canada et plein de détracteurs en faveur du CSeries et de Bombardier. Boeing est en train de créer un mouvement de résistance contre son arrogance face à ses alliés qui risque de s’étendre dans le monde. Les cies aériennes US seront doublement touchés. Elles se verront priver du meilleur avion de la catégorie alors que le reste du monde en bénéficiera. Elles paieront leurs avions plus chère. Comment réagiront les Russes et les Chinois. Ils seront les prochains viser. Boeing a avoué publiquement le ‘ Plus Jamais’ en faisant référence à Airbus pour justifier sa manoeuvre. J’espère qu’au Bourget que Boeing se fera rappeler à l’ordre par l’industrie qui ne peut tolérer une tel attitude qui aura pour conséquence que plus personne n’osera innover de peur de se faire attaquer par ceux qui n’innovent pas. Beaucoup se demanderont pourquoi le CSeries fait trembler le géant. Boeing semble convaincu que le CSeries est l’avion du futur. C’est comme si une équipe de hockey décidait de blesser volontairement les meilleurs joueurs des autres équipes car elle n’a pas été en mesure de repécher et développer de bons joueurs. La contribution de Bombardier et du CSeries dans le domaine des monocouloirs est énorme. Il n’y aurait pas eu de Néo et Max. Vouloir tuer le CSeries alors que l’avion dépasse les attentes et est la révélation de l’année devrait attirer les foudres des médias et de l’industrie à l’endroit de Boeing pour qui le deux poids, deux mesures est la règle. Quand Boeing a lancé le 747, il a du traverser la tempête et a faillit y laisser sa peau. Il a vendu les premiers exemplaires en dessous du coût. Airbus a fait la même chose pour les A300 et A320. Boeing a vendu les 600 premiers 787 en dessous du coût et ce même à Air Canada. Boeing a bénéficié de l’aide des gouvernements par le militaire, par le recherche et développement et par les breaks de taxe. Les ventes de 787 ont bénéficiées de cette aide.
    André, au Bourget soit un des petits cailloux dans le soulier de Boeing durant tout le salon afin que ce dernier retrouve le bon sens.

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  • Selon Sylvain Faust, la résistance des cies US seraient bien réel.

    It’s not only Boeing Defense that should prepare itself to lose, but Boeing Commercial Aircraft as well. Still according to well-connected sources, some airlines in the United States are prepared to cut all ties with Boeing if this litigation persists. Furthermore, some would be prepared to order more CSeries defying Boeing and its complaint.
    First one could be Delta, adding to its current CSeries order, quickly placing an order to replace all its oldest aircraft, 116 MD-88, with CSeries CS300, making this a statement to Boeing. Also, if the litigation end up requiring Delta paying additional charges (with Bombardier or not) for their current order of CSeries, Delta would cancel all its pending orders with Boeing ($) and use Airbus mainly with Bombardier as suppliers. It seems they would not be the only airlines in the USA left with a sour « Boeing » smell in their aircraft. Could any of this happen during the Salon du Bourget/Paris Airshow? This would be a nice move by Delta.

    http://www.fliegerfaust.com/boeing-defense-has-been-black-listed-by-the-government-of-canada-2441662698.html

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  • Mr Faust est un peu trop optimiste.

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    • Normand Hamel

      Je suis d’accord avec toi que Sylvain se montre pas mal optimiste, surtout pour le court terme comme le Bourget 2017. Cela dit, je partage sa vison des choses et je crois comme lui que les compagnies américaines sont offusquées par l’attitude de Boeing dans ce dossier. On dit souvent que ce que le monde des affaires déteste le plus est l’incertitude. J’ajouterai à cela que ce qu’il déteste encore plus est le manque de concurrence. Dans le cas présent on a les deux: d’une part l’incertitude entourant l’issue des poursuites, et d’autre part une tentative évidente de vouloir étouffer la concurrence.

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