L’OMC est un tigre édenté
Comme le mentionnait notre chronique d’hier, le dépôt d’une plainte par le Brésil et Embraer contre le Canada et Bombardier auprès de l’OMC nous apparaît comme une démarche futile dont le résultat final ne laisse pas de doute sur le peu d’impact que cela aura sur l’économie canadienne et sur Bombardier. Avant d’élaborer sur le sujet, il faut reconnaître que l’ensemble de l’industrie aérospatiale est subventionnée par les États. L’OMC a déjà reconnu que les États-Unis avaient subventionné Boeing, que l’Europe avait subventionné Airbus, que le Canada avait subventionné Bombardier et de même pour le Brésil avec Embraer.
En 2000, le Canada et Bombardier avaient obtenu gain de cause contre le Brésil et Embraer. L’OMC avait alors autorisé le Canada à imposer des sanctions tarifaires de 1,3G$ contre l’industrie brésilienne du textile entre autres. Mais l’imposition de ces mesures auraient pénalisé les entreprises canadiennes qui achetaient leurs textiles du Brésil par rapport à celles qui les achetaient ailleurs dans le monde et le Canada n’a donc jamais imposé les sanctions de 1,3G$. En 2003, c’est le Brésil et Embraer qui ont eu gain de cause contre le Canada et Bombardier et l’OMC avait alors autorisé le Brésil à imposer des sanctions tarifaires de 248M$ lesquelles n’ont jamais été appliquées.
Le problème avec l’application des sanctions tarifaires, c’est que les échanges commerciaux entre les pays sont tellement nombreux que les économies des États souverains sont imbriquées les unes dans les autres. Par exemple si le Brésil obtenait le droit d’imposer des pénalités à l’industrie aérospatiale canadienne, Embraer serait perdante puisque les trains d’atterrissage de l’E2 sont fabriqués à Montréal.
Les quatre grands fabricants d’avions se sont donc tous plaints tour à tour à l’OMC que leur concurrent bénéficiait de subventions illégales et ont tous gagné leurs batailles. Pourtant les gouvernements n’ont jamais appliqué les sanctions tarifaires et continuent de subventionner l’industrie aéronautique; à ce jour, aucune commande d’avions n’a été annulée pour cause de subvention. L’OMC est un tigre édenté et dégriffé par la mondialisation des économies, ce qui en fait un bon gros matou pesant quelque centaines de livres.
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