Bombardier

Ottawa et les pleutres

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Il s’est dit beaucoup de choses cette semaine au sujet de l’aide fédérale de 372M$ à Bombardier, mais pour comprendre l’écart entre la demande originale d’aide de 1,3G$ et l’offre du gouverment de 372,5M$, il faut se pencher sur la différence entre la stratégie du gouvernement québécois pour l’industrie aérospatiale et la vision d’Ottawa.

 

En mai 2016, le premier ministre du Québec était venu à l’École Nationale d’Aéronautique (ÉNA) afin de présenter lui-même la stratégie aérospatiale de son gouvernement. Cette stratégie avait été élaborée après de vastes consultations avec les divers intervenants du milieu et ceux-ci s’étaient déclarés satisfaits de ses grandes lignes. Pour la soutenir, Québec y va d’une enveloppe budgétaire de 510M$ pour la période 2016-2021 en supplément du 1,3G$ injecté dans le C Series six mois plutôt. La stratégie aérospatiale québécoise s’arrime avec l’objectif du gouvernement québécois d’aide aux industries innovantes.

 

Le site Internet « Économie, Science et Innovation » du gouverment québécois, fait une place importante à la stratégie aérospatiale; on y mentionne que l’industrie aérospatiale compte 40 000 emplois, 190 entreprises dont le chiffre d’affaires annuel est de 15,5G$. Ces chiffres démontrent bien l’importance de cette industrie dans l’économie québécoise.

 

De son côté, immédiatement après son élection, le gouvernement Trudeau s’est lancé dans une série de consultations auprès des Canadiens afin d’être plus près de leurs préoccupations. Mais il est évident qu’au passage il n’a pas cru bon de consulter l’industrie aérospatiale pour s’enquérir de ses besoins. Pourtant ce gouvernement s’est doté d’une politique d’investissement massif dans les infrastructures afin de relancer l’économie. Il semble avoir complètement oublié que de fournir de l’aide à une industrie aussi importante que l’aérospatiale est un moyen efficace de soutenir l’économie du pays.

 

Au Canada, l’aide à l’aérospatiale relève du programme « Financement de la recherche-développement industriel » qui comporte deux sous-programmes : (1) Innovation dans le secteur de l’aérospatiale et de la défense et (2)  Innovation dans le secteur de l’automobile. Dans le budget 2016-2017, le programme avait une enveloppe d’environ 327M$, dont 83M$ pour l’industrie automobile et 244M$ pour l’aérospatiale et la défense. Impossible de savoir quelle somme est consacrée exclusivement à l’aérospatiale puisque l’enveloppe budgétaire est fusionnée avec celle de la défense. Mais à titre d’exemple, vendredi dernier Ottawa a annoncé qu’il investissait 404M$ dans la modernisation de ses blindés légers et que cela contribuera à maintenir 250 emplois à London en Ontario. Une partie de la somme viendra probablement du sous-programme Innovation dans le secteur de l’aérospatiale et de la défense, mais on en  ignore le montant.

 

Comme on peut le constater, le gouvernement Trudeau n’a aucune stratégie spécifique pour l’industrie aérospatiale ni de programme adapté à celle-ci. Or sans une vision claire qui permet de savoir où l’on s’en va, il est impossible d’avoir du leadership.

 

Il est impossible de passer sous silence l’échec lamentable de la députation libérale québécoise dans le dossier de Bombardier. On peut comprendre qu’un député de l’Alberta ou de l’Ile du Prince-Edouard n’ait pas la compréhension et la vision de ce que représente l’industrie aérospatiale pour le Canada et leur manque d’intérêt est excusable. Mais que les 40 députés et ministres du Québec n’aient pas cette vision et cette compréhension de l’importance de cette industrie pour l’économie canadienne et québécoise est impardonnable. Avec le départ de Stéphane Dion, c’est maintenant Marc Garneau qui est le ministre sénior représentant le Québec et c’était à lui de mener ce dossier ; à ce titre il doit maintenant assumer la responsabilité de l’échec.

 

Si le gouvernement canadien avait les moyens de soutenir 250 emplois à London en Ontario en y injectant 404M $, on est en droit de se demander pourquoi un effort équivalent n’a pas été consenti à Bombardier pour soutenir des milliers d’emploi. Cela montre à quel point les députés libéraux du Québec ont manqué de courage et se sont couchés à plat ventre devant la presse anglophone hostile à Bombardier.

 

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9 avis sur “Ottawa et les pleutres

  • Nicholas

    Mouais le 404 M$ c’est d’abord et avant tout pour moderniser les chars, le soutien aux emplois vient avec.

    Et ce n’est pas impossible que la situation de Bombardier soit meilleur que prévu et que l’entreprise elle même ait choisi de ne pas s’endetter encore plus. Cet argent et celle du gouvernement québécois devra être rembourser un jour et Bombardier est déjà extrêmement endetté.

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    • André Allard

      Quand Ottawa prête 372.5M$ à BBD, peut importe que ce soit pour le global ou tout autre programme le résultat est que BBD n’aura pas à trouver cet argent. Quand Ottawa annonce un contrat de 404 M$ pour les blindés, peut import de quel manière cela maintient 250 emplois à London On. C’est un fait qu’aucun député libéral du QC ne s’est levé pour défendre l’industrie aérospatiale d’ici.

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  • Mark LaFrance

    Il nous parait essentiel que, seul le Québec devrait maintenir son leader mondial de l’aviation (technologiquement parlant), à flot constamment. Alors peut-être serait-il important, pendant qu’il est encore temps, de créer un fonds pour l’avancement des technologies aérospatiales (exemple) et investir nationalement (Québec seulement) et de façon récurrente dans notre industrie de pointe. Cela se fait dans tous les ministères du Gouvernement du Québec. Évidemment le statut d’actionnaire majoritaire serait la meilleure affaire pour le Gouvernement Québécois. L’association de Bombardier et Québec serait très bien vu à l’internationale. Et, tant qu’à dépenser à tort et à travers, nous serions bien mieux d’investir dans des produits s’exportant dont la qualité est synonyme de savoir-faire.

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  • Capitaine Scarlet

    Une partie de la réponse se trouve dans le contenu de cet hyperlien:

    http://www.droit-inc.com/article19204-Bombardier-et-Embraer-c-est-la-guerre&highlight=bombardier%20Embraer

    De ces mêmes individus on passe au lobbying auprès des médias; ils produisent des réactions démesurées, acrimonieuses, insultantes pour ne pas dire haineuses. De la haine. À partir de là, vos interprétations sont les vôtres. La mienne ? Myopie, aveuglément, naïveté; et eux qui sont près de leurs sous, ils sont incapables de présenter dans les médias les milliards de dollars accordés en crédit d’impôt aux pétrolières pour le R&D dans les sables bitumineux…

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      • Capitaine Scarlet

        Au Canada, et seulement au Canada, très peu de personnes semblent peu fières de son avionneur, contrairement à ce qui se passe au brésil, aux US et en Europe. Bombardier, même si l’entreprise connaissaient un succès monstre avec la CSeries et les futurs nouveaux Global, les marchands de peurs que sont les médias anglophones ironiseront sur de nouveaux éléments, etc. Entre-temps, Bombardier a d’autres chats à fouetter. Voici un autre exemple de ce que j’avance ici depuis des semaines: le futur de la CSeries passe par une réduction de ses coûts de fabrication:

        http://www.droit-inc.com/article18950-La-CSeries-de-Bombardier-compromise&highlight=bombardier%20Embraer

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  • En amour avec Bombardier dit-on….www.economist.com/blogs/gullivert/2017/02/comfort-strangers?utm_campaign=&utm_medium=email&utm_source=app

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  • Jean-Luc Bouchard

    Marc Garneau, ce grand leader, ministre des transports et incapable de faire construire une simple voie de contournement à Lac Mégantic.

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