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Une rumeur TREQ étrange circule

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Sur son site internet, la coopérative de transport régional TREQ affirme que la vente des billets débutera en avril 2021. La coopérative prévoit débuter ses vols dès l’été prochain. Pour respecter cet échéancier, elle devra obligatoirement avoir recours à un service de vol sous contrat (wet Lease). Le nom de la compagnie ontarienne Voyageur Airways circule comme étant l’opérateur des Q400 de TREQ. Puisque je reçois couramment des questions à ce sujet, voici quelques informations importantes à considérer.

Chorus Aviation

Voyageur Airways est une filiale à part entière de Chorus Aviation. Cette dernière est aussi propriétaire de JAZZ et exploite maintenant presque toute la flotte d’Air Canada Express. En 2020, Chorus Aviation a déclaré un profit malgré la pandémie; c’est parce que le contrat avec Air Canada lui garantit un revenu minimum. Autrement dit, quand Chorus opère un vol pour Air Canada Express, elle fait des profits même si l’avion est vide. 

De plus, les administrateurs de Chorus sont des gens d’expérience qui agissent avec prudence; avant de préparer des avions et de débuter le service pour TREQ ils exigeraient un dépôt et des garanties. On parle d’une somme de plusieurs millions de dollars. Le jour où la coopérative sera en mesure de répondre à cette exigence, alors on se reparlera. Mais si jamais cela arrive alors il faudra aller voir du côté d’Air Canada

Air Canada

Puisqu’Air Canada paye pour les avions de Chorus, cette dernière ne peut lui faire concurrence. Donc est-ce que Voyageur Airways, qui est la filiale de Chorus, peut opérer les vols de TREQ sans le consentement d’Air Canada? La réponse est non bien évidement.

Maintenant, quel serait l’intérêt d’Air Canada de faire affaire avec TREQ? Je n’en vois qu’un seul : cela fait des années qu’elle perd de l’argent sur ses lignes régionales dans l’Est du pays. Soudainement, arrive un nouveau venu qui lui dit : « je vais révolutionner le transport aérien régional si tu me laisses faire je vais te fournir des passagers pour les vols internationaux. » 

Si vous pensez qu’Air Canada devrait l’envoyer paître, c’est que vous n’avez pas le sens des affaires. Voici où se trouve l’intérêt de la compagnie canadienne : si Air Canada signe une entente avec la coopérative, elle n’aura pas à rouvrir certaines lignes déficitaires puisque c’est TREQ qui s’en chargera. Du coup, la compagnie canadienne transfère ses pertes à la coopérative. Si après deux ans TREQ fait faillite, Air Canada n’aura rien perdu puisque c’est la COOP qui aura essuyée toutes les pertes.

Les conséquences

Pendant deux ans, TREQ afficherait des bas prix sur ses liaisons et accumulerait un énorme déficit. Les compagnies aériennes existantes comme Pascan et PAL feraient faillite ou se retireraient. Une fois que la coopérative serait au bout du rouleau, Air Canada pourrait reprendre les routes tout en fixant son prix puisqu’elle n’aurait plus de concurrence. En d’autres termes, Air Canada a la chance de faire exécuter le sale boulot par un autre. Je ne sais pas pour vous, mais moi je trouve qu’il y a comme un parfum de déjà vu dans cette histoire. Mais bon, tant que la COOP n’aura pas réunie les sommes pour le dépôt et la préparation des Q400, cela n’arrivera pas.

Pour ma part je ne suis pas contre une aide financière aux transporteurs aériens régionaux. Mais pourquoi Québec donnerait des dizaines de millions à un nouveau venue et rien aux transporteurs existants? 

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6 avis sur “Une rumeur TREQ étrange circule

  • L’association coopérative aurait dû se faire avec les joueurs existants. De plus, le gouvernement doit interdire le transport régional à Air Canada pour le réserver uniquement aux joueurs actuels .

    Le partage des routes doit se faire en collaboration avec les compagnies qui volent présentement et par le principe des escales multiples à bas prix qui seraient en partie subventionnées par le gouvernement, afin de créer la demande.

    Le marché régional doit être développé et pour ça, il faut des prix abordables et une flotte adaptée. C’est à ce niveau que le gouvernement doit intervenir. Il pourra se retirer graduellement à mesure que l’achalandage augmentera et deviendra plus rentable.

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  • M. Allard, votre scénario est très plausible. Il lui manque cependant l’étape où TREQ, à bout de souffle, se tourne vers le gouvernement du Québec pour une aide financière. Est-ce qu’on peut exclure que le gouvernement embarque? Lorsqu’on est rendu à compenser les cinémas pour les profits sur le popcorn, tout devient possible.

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    • André Allard

      Bien que je ne l’ai pas mentionné explicitement, je ne vois pas comment TREQ réussira à démarrer sans une aide financière substantielle. Les dirigeants de TREQ disent que leur plan d’affaires est suffisamment solide et qu’ils n’ont pas besoin d’aide gouvernementale. Pourtant, ils demandent une aide 100 000 $ à la Ville de Saguenay afin de payer l’étude de marché. Ça commence mal en titi.

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  • Eric TREMBLAY

    Cette rumeur est très plausible.

    En plus, je peux voir l’intérêt d’Air Canada (via Jazz) de vouloir couper l’herbe sous le pied de Porter Airline par exemple. Quitte à offrir du wet-lease à perte au début.

    Porter (qui est en dormance depuis près d’un an?) serais sûrement très intéressé de s’implanter en région en partageant le risque avec TREQ, et aussi en utilisant possiblement son marketing à saveur « coop » Québécoise.

    Imaginer, Porter pourrait atteindre une masse critique hors de l’aéroport Bishop!

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    • André Allard

      C’est pas vraiment une surprise, la compagnie n’avait qu’un seul contrat et elle l’a perdu. Les compagnies aérienne sont dans l’a schnoute jusqu’au coup et Pendant ce temps à Ottawa zzzzzzzzzzzzzzzzz!

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