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Swissport en perte de vitesse à Montréal-Trudeau

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Le compagnie Swissport est en perte de vitesse à Montréal-Trudeau alors qu’elle a perdu plusieurs clients ces dernières années.

 

Historique

C’est en 1996 que la compagnie a été créée et son nom était alors Swissair Services. À ses début, Swissair Services était une filiale indépendante de Swissair. Puis la compagnie a été vendue à un groupe privé en 2005. C’est en 2015 que l’entreprise chinoise HNA en a fait l’acquisition pour la somme de 2 G$ US.

 

En 2012, la compagnie Handlex, qui appartenait à Air Transat, a été vendue à Service Air. En 2013, Swissport a acheté Service Air. Cette transaction a permis à Swissport d’établir une domination aux aéroports de Montréal-Trudeau et Lester B. Pearson.

Swissport en perte de vitesse à Montréal-Trudeau
Handlex

C’est en 2016 que sa filiale Swissport Refueling a obtenu le contrat d’avitaillement à Montréal-Trudeau aux dépendx de la CAFAS.

 

Le chiffres d’affaires de Swissport en 2018 s’est élevé à 4,4 G $ Can et ses profits s’élevaient à près de 400 M $ Can. La compagnie est présente dans 303 aéroports et 50 pays et elle compte 66 000 employés. Soulignons que Swissport a remporté plusieurs prix pour la qualité de ses services ailleurs dans le monde.

 

 

HNA

HNA est un important groupe chinois œuvrant principalement dans le secteur du transport aérien et du voyage. Sa filiale Hainan Airlines opère une flotte variée d’environ 230 appareils. Il est très difficile d’obtenir un portrait clair des revenus de cette entreprise. Selon le palmarès Fortune Global 500 de 2017, HNA était classé au 170e rang mondial à 53 G $ US de revenus. La compagnie employait alors un total de plus de 410 000 personnes sur la planète.

 

En 2017, le gouvernement chinois a interdit aux banques chinoisex de financer certaines entreprises privées dont HNA faisait partie. Les banques étrangères ont alors emboîté le pas en coupant les vivres à HNA. La situation financière de HNA est alors devenue très précaire; Bloomberg évalue qu’au mois de juin 2018, la dette totale de HNA était de 80 G $ US. Tout au cours de 2018 et 2019, HNA s’est lancée dans une vente de feu afin de payer ses dettes.

Swissport en perte de vitesse à Montréal-Trudeau
B787 Hainan Airlines

C’est ainsi qu’à l’automne 2018, HNA est venu bien près de conclure la vente de Swissport au groupe canadien Brookfield. Mais pour une raison inconnue, la vente n’a pas fonctionné. En fait, c’est depuis le début de 2018 que HNA tente de vendre Swissport sans succès.

 

 

Swissport au Canada

Le modèle d’affaires de Swissport au Canada est très simple; être le plus bas soumissionnaire. Pour réussir, elle doit couper sur toutes les dépenses y compris dans les salaires et avantages sociaux de ses employés.

 

Cette manière de fonctionner a connu un certain succès avant la pénurie de main d’œuvre qui sévit actuellement. À l’aéroport Lester B. Pearson de Toronto, les conditions de travail des employés au sol causent de sérieux problèmes de rétention. En 2017, le taux de roulement du personnel au sol était de l’ordre de 160% à cet aéroport. La situation ne s’est pas améliorée en 2019 avec la pénurie de main d’œuvre qui sévit là aussi.

 

Swissport à Montréal-Trudeau

Si la compagnie originaire de la Suisse a une bonne réputation dans le monde, ce n’est pas le cas à Montréal-Trudeau. Depuis 2016, elle perd constamment du terrain au main de la québécoise Trans-Sol Aviation Service (TSAS) filiale de Avjet Holding. Elle a d’abord perdu le contrat avec Air Transat en 2015. Puis en 2017 c’est le contrat de services au sol avec Lufthansa Group qui lui a échappé. Cette perte revêt un caractère très symbolique puisque SWISS, la compagnie qui a fondé Swissport, fait partie de Lufthansa Group.

 

À Montréal-Trudeau, Swissport a également échappé les compagnies suivantes : Air Inuit, First Air, Pal Airlines et Sunwing. Notez qu’Air Canada opère ses propres services au sol. Avec un tel palmarès, on peut affirmer que Swissport n’a pas impressionné qui que ce soit Montréal.

 

Il est important de mentionner que le contrat de distribution de carburant à Montréal-Trudeau donne de gros avantages à Swissport Refueling,  Au terminal passager, seule Swissport Refueling offre les services d’avitaillement et toutes les compagnies aériennes font affaires avec elle.

 

 

Les négociations de Swissport Refueling

Après avoir perdu leur emploi avec la CAFAS, les travailleurs réembauchés par Swissport Refueling ont rapidement adhéré à l’AIMTA. La première convention collective est entrée en vigueur le 9 août 2016 et a expiré le 9 août 2019. Cette convention était loin de rétablir les conditions de travail d’avant lorsqu’ils étaient à l’emploi de la CAFAS. Rappelons qu’avec l’arrivée de Swissport Refueling, plusieurs employés avaient vu leur salaire être réduit de 33%.

 

Les négociations pour le renouvellement de la convention collective ont été très difficiles et ce n’est que le 5 décembre dernier que le syndicat a soumis les offres patronales aux membres. L’offre de Swissport ne contenaient que très peu d’améliorations. Après avoir subi une importante baisse de salaire en 2016, les employés de Swissport ne l’ont tout simplement pas digérée. Le résultat du vote de grève tenu immédiatement après en témoigne; 99% des personnes présentent ont voté en faveur de la grève. La première offre patronale avait mis le feu aux poudres et la deuxième fut donc rejetée à 90% le 27 décembre même si elle comportait des améliorations.

 

 

Il faut souligner que depuis le 9 août dernier, à aucun moment les syndiqués n’ont perturbé les activités. Aucun passager n’a été victime de moyens de pression, les syndiqués ont continué de livrer le service. Ils ont toutefois opté pour la grève qui a été déclenchée le 31 décembre.

 

L’enjeu

Pour les employés de Swissport, l’enjeu de cette négociation est simple; retrouver des conditions de travail d’avant 2016.

 

Swissport attend sans doute que les finances des employés en grève s’épuisent avant de faire une offre finale. Son objectif est de maintenir les conditions de travail actuelles.

 

Pour les compagnies aériennes l’enjeu est tout aussi important; dans un contexte de pénurie de main d’œuvre, le salaire des débutants chez Swissport Refueling est le salaire minimum. Pourquoi un salarié accepterait-il de parcourir des kilomètres, afin de travailler dans des conditions difficiles, alors qu’il peut obtenir le même salaire mais avec de meilleures conditions chez Tim Hortons? Si Swissport remporte la bataille, le taux de roulement de son personnel à Montréal-Trudeau pourrait bien atteindre celui de Toronto. Dans un contexte où les retards sont maintenant pénalisés, la facture pourrait être salée pour les compagnies aériennes. Si les compagnies aériennes ont le choix pour les autres services au sol, ce n’est pas le cas pour le carburant. Peu importe le résultat du présent conflit, il faudra utiliser les services d’avitaillement de Swissport Refueling.

 

Une victoire de Swissport équivaudrait à faire un copier-coller de la situation à Lester B. Pearson. Est-ce vraiment ce qu’ADMTL et les compagnies aériennes souhaitent?

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