Aérospatiale

Safran et la commande de Southwest

Pour partager cette publication :

Safran a complété l’année 2020 avec des revenus de 16, 5 G d’euros soit 25, 2 G en dollars canadiens. C’est une baisse de 33 % par rapport à l’exercice précédent. La compagnie a enregistré une marge brute de 1,4 G d’euros et un bénéfice net de 352 M d’euros ou 537 M $ CA. De plus, au cours de l’année 2020, Safran remboursé 1,3 G d’euros sur sa dette qui est maintenant de 2,8 G d’euros.

Pour réussir à demeurer profitable Safran a réduit ses effectifs de 17 % et compte maintenant 79 000 employés. La compagnie avait également annulé le versement de dividende en 2020. Notez qu’en 2020, CFM dont Safran détient 50% de CFM avait livré 972 moteurs CFM56 et LEAP. Si Safran a réussi à demeurer rentable c’est grâce entre autres à la stabilité des revenus du secteur militaire. L’entreprise a investi 1,2 G d’euros en recherche et développement soit une baisse de 30 %. 

Pour 2021, la compagnie prévoit une légère baisse de son chiffre d’affaire compensé par une augmentation de la marge bénéficiaire. Elle prévoit également reprendre le versement de dividendes aux actionnaires. 

La commande de Southwest

Dernièrement, le site The Air Current rapportait qu’une commande de 300 B737MAX7 par Southwest risquait d’échapper à Boeing. Selon cet article, la pierre d’achoppement serait la négociation avec le fabricant des moteurs du MAX. Il s’agit du consortium CFM qui est détenu à parts égales par GE Aviation et Safran. Southwest tenterait d’obtenir une entente hors de l’ordinaire qui lui permettrait de restructurer son modèle d’affaires. Les deux actionnaires de CFM refuseraient les demandes de Southwest. Pourtant, Safran et son partenaire GE Aviation ont complété l’année 2020 avec un profit.

Imaginez la situation des dirigeants de Southwest qui doivent naviguer au cœur de la pire crise qu’ait connue leur industrie. Ils sont devant deux fournisseurs qui refusent d’aider un client en difficulté. De plus, en annonçant le versement de dividendes en 2021, la direction de Safran a considérablement réduit sa marge de manœuvre. Les discussions doivent être acrimonieuses par moment.

>>> Suivez-nous sur Facebook et Twitter

10 avis sur “Safran et la commande de Southwest

  • François Bouchard

    300 avions! Les livraisons vont s’étendre sur des années alors que la pandémie sera un lointain souvenir.

    Southwest n’ont qu’à encaisser leur pertes comme les autres et cesser de demander à autrui de payer ses pots cassés. Comme l’a dit Angela Merkel en 2008 dans le cas de la faillite des banques: à chacun sa merde.

    Je croyais qu’ils feraient affaire avec AirBus pour cette commande, peut-être que tout n’est pas perdu.

    Répondre
    • André Allard

      « Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise! ». Southwest le sait très bien, mais elle sait également que les équipementiers comme Safran sont beaucoup plus rentables et les dirigeants veulent simplement tirer la couverte de son côté et c’est pour cela que les exécutifs sont si bien payé.

      Répondre
    • André Allard

      Hà oui j’oubliais! Si CFM consent un escompte il portera sur tout les MAX donc les MAX8 déjà livrés et ceux qui seront livrés en 2021.

      Répondre
  • Nicolas

    C’est beaucoup plus dans le camp de GE que de Safran, étant donné que les LEAP de Southwest seront assemblé par GE en Ohio, donc ce sont eux qui assument le plus grand risque financier.

    Répondre
  • Nicolas

    Êtes-vous en train de blâmer Southwest de vouloir négocier le meilleur prix possible pour leurs nouveaux avions?

    Répondre
  • CLAUDE BOULAY

    Les dirigeants de Safran et de GE ont raison de ne pas s’embarquer dans cette affaire avec Boeing. Boeing semble avoir de la difficulté à faire des bons avions. Pour exemple pas de livraisons de 787 depuis des mois. Il y a des chances que les futurs MAX soient bâclés eux aussi.
    Boeing, touché par une amende de 6,6 millions de dollars de la FAA, fait face à une facture de réparation 787 beaucoup plus importante – sources
    https://www.reuters.com/article/us-boeing-787-insight-idUSKBN2AP2SL?taid=60381b8fda37a10001e3f091&utm_campaign=trueAnthem:+Trending+Content&utm_medium=trueAnthem&utm_source=twitter

    Répondre
  • CLAUDE BOULAY

    Si Safran et GE donnent une escompte à Southwest pour les MAX. Vont ils en donner aux autres propriétaires de MAX? Et pour les LEAP qui équipent les A320NEO? American, United, Alaska qui sont en concurrence avec Southwest feront quoi? Et il ne faut pas oublier Ryanair qui sautera dans le débat avec férocité. Donc Safran et GE risquent d’être ruinés une fois que tout le monde aura fait sa demande.

    Répondre
    • André Allard

      Toutes les compagnies aériennes se négocient des escomptes, c’est juste qu’il y a des compagnies qui ont plus de pouvoir de négociation.

      Répondre
  • Normand Hamel

    Southwest ne fait sans doute qu’exiger une compensation pour les performances inférieures du MAX7 par rapport à celles du A220-300. Autrement dit Southwest serait prête à commander des A220 à moins qu’on lui fasse une contreproposition intéressante, ce que Boeing, GE et Safran ne sont tout simplement pas en mesure de faire d’une manière qui soit économiquement viable. Surtout que dans un contexte de marché à la baisse l’argument de livraisons rapides n’a plus la même valeur.

    L’équation est simple: performance inférieure = prix inférieure. Ce qui explique pourquoi Boeing craignait tant l’arrivée du C Series sur le marché. Airbus avait pourtant compris bien avant Boeing qu’il fallait réagir le plus rapidement possible au défi posé par ce formidable avion produit par Bombardier.

    Le commentaire de John Leahy en dit long en cet effet lorsqu’après avoir accepté l’invitation de Pierre Beaudoin de visiter le C Series au Bourget il a dit ceci aux journalistes: He’s got a nice little airplane there, but no, I’m not too worried. Traduction: on ne peut pas rester les bras croisés, il faut répondre le plus rapidement possible. C’est ce qui nous a donné le A320neo.

    La réalité c’est que le C Series et le A320neo ont tout simplement fait craquer Boeing qui avait déjà extrait le maximum de sa vieille monture et qui a compromis son avenir en voulant protéger ses acquis.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *