Aérospatiale

Inde : le nouvel eldorado de l’aéronautique

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Lundi, la compagnie indienne Indigo a passé une commande de 500 appareils auprès d’Airbus. Puis mardi, c’était au tour d’Air India de confirmer sa commande de 470 avions qu’elle a séparée en deux, 250 à Airbus et 220 à Boeing. À elle seule, la commande d’Indigo est historique et les deux vont faire passer à l’histoire l’édition 2023 du Bourget. Cette année, l’Inde fait les manchettes du salon aérien et ce n’est certainement pas la dernière fois et voici pourquoi.

Démographie, économie et géographie indienne

En 2023, la population de l’Inde devrait dépasser celle de la Chine à près de 1,5 milliard de personnes. Le nombre d’habitants augmente de 1 % par année, soit cinq fois plus que la Chine. 40 % de la population indienne a moins de 35 ans et l’espérance de vie est de 70 ans.

Le PIB de l’Inde se situe maintenant au 7e rang mondial avec une croissance annuelle moyenne qui frôle les 7,7 % de 2012 à 2022. Mais selon la Banque mondiale, le revenu par habitant y était de seulement 2 256,6 dollars américains en 2021. C’est un pays où il y les inégalités sociales sont grandes et il est difficile d’établir avec certitude la taille de la classe moyenne qui est celle ayant les moyens de prendre l’avion. Selon les analyses, la classe moyenne indienne varie de 100 millions de personnes à 500 millions. Pour ma part, je retiens le chiffre de 200 millions avec une croissance annuelle de 7,7 %. Ce qui veut dire que dans dix ans, la classe moyenne aura doublé à 400 millions. 

Avec une superficie de 3,2 millions de kilomètres carrés, l’Inde est le septième plus grand pays au monde. Cela équivaut à peu près au territoire du Québec, du Labrador et de l’Ontario réunis. Elle compte plusieurs grands fleuves, deux chaînes montagneuses et plusieurs plateaux élevés. Y construire des infrastructures de transport telles que des routes et des trains à grande vitesse est dispendieux. C’est pour cette raison que le réseau de routes et de chemin de fer est nettement sous-développé par rapport à la taille du pays et de sa population. 

Le transport aérien

Afin de combler le retard dans la mobilité de la population, le gouvernement indien a opté pour le développement du transport aérien. Ainsi, de 2014 à 2022, le nombre d’aéroports dans le pays est passé de 74 à 147. L’objectif est d’atteindre 220 aéroports à la fin de 2025. En 2022, les cinq plus grands aéroports du pays affichaient une croissance annuelle moyenne de 10 %.

En 2022, 15 compagnies aériennes se sont disputé les parts du marché indien qui était de 166 millions de passagers dont 75 % sur des vols intérieurs. On note la présence entre autres des compagnies suivantes : AirAsia, Air India, Go First, Indigo, SpiceJet et Vistara. Indigo est de loin la plus grande compagnie avec 55 % des parts du marché. 

Mais malgré un potentiel énorme, il n’y avait que 700 avions de ligne enregistrés en Inde au début de 2023. Les deux grosses commandes de cette semaine ne sont donc le fruit du hasard et il risque fort d’y en avoir d’autres d’ici quelques années. En fait le plus grand frein à la croissance de l’aviation indienne risque fort d’être la capacité des constructeurs à fournir. 

Enfin, côté fabrication, notez qu’Airbus est à mettre sur place une ligne d’assemblage de l’appareil de transport et sauvetage C-295. De plus, l’industrie spatiale indienne compte cinq lanceurs actifs et qu’elle effectue plusieurs lancements par année. 

Et le potentiel pour les industries d’ici ?

Avec près de 1 000 avions en commandes, il faudra former beaucoup des pilotes, des agents de bord et des mécanos. CAE, qui compte deux centres de formation en Inde et est partenaire d’Indigo. Elle est donc en excellente position pour récolter sa part dans l’expansion de l’aviation indienne.

Théoriquement, il y a également CDPQ Infra qui pourrait faire affaire en Inde ; le gouvernement indien va vendre à des entreprises privées environ 25 aéroports afin de pouvoir financer l’expansion du réseau aéroportuaire. Mais la corruption est très présente dans ce pays et la Caisse de dépôt voudra sans doute éviter de se retrouver avec un placement à l’éthique douteuse.

La main-d’œuvre indienne qualifiée est de moins en moins bon marché. Mais elle est nombreuse et en cette période de pénurie dans les pays du G7, c’est sans aucun doute son plus grand attrait. Tous les secteurs de l’industrie aérospatiale québécoise ont intérêt à suivre ce marché. En fait, c’est à se demander quand Aéro Montréal y organisera sa première mission commerciale. Sinon, d’autres le feront.

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