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La cadence de production de l’A220

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L’objectif d’Airbus est d’avoir une cadence de production de 14 A200 par mois à la fin de 2025. Or, au 31 mai dernier, l’entreprise en avait livré 19 moins de quatre par mois en 2023. Avec de tels résultats, plusieurs s’interrogent sur la capacité de l’avionneur à atteindre sa cible. Je me suis donc penché sur la question afin de voir de quoi il en retourne. 

Portrait de la situation chez Airbus et Boeing

Afin d’avoir une meilleure compréhension de la situation, j’ai utilisé les chiffres de livraison des deux grands fabricants. J’ai fait un relevé de trois moments précis : les livraisons des cinq premiers mois de 2023 que j’ai comparés à la même période en 2022. Ensuite, j’ai également regardé le total des livraisons en 2022. J’ai fait une ligne pour l’A220, la famille A320 et le total de tous les programmes Airbus. Pour Boeing, j’ai fait une ligne pour les monocouloirs B737 et une autre pour le total de tous les programmes. 

Voici le tableau avec les chiffres :  

Le premier constat est que les programmes A320 et B737 ont connu une progression tandis que l’A220 stagne. Toutefois, il faut faire une nuance importante, la capacité de production pour l’A320 et le B737 est nettement supérieure aux résultats des deux géants. 

Dans le cas d’Airbus, en janvier 2021, elle avait annoncé que la production de la famille A320 passerait à 45 appareils par mois en décembre 2021 (cliquez ici pour lire le communiqué). Cette annonce constituait déjà une réduction de la cadence qui avait d’abord été estimée à 47 avions par mois. Puis en 2022, la cadence moyenne pour l’A320 a été de 43 par mois soit en dessous de la prévision établie pour la fin de 2021. Pour l’A220, la cadence de cinq par mois était visée pour la fin 2021. Airbus a donc manqué ses objectifs de 2021 et 2022 pour ses deux programmes de monocouloirs. 

Remarquez que Boeing est également en dessous de ses prévisions, mais je ne vais pas m’avancer trop, car la situation y est plus complexe. Enfin, prenez note qu’Embraer n’a livré que 19 E2 en 2022 et 5 cinq au premier trimestre de 2023. 

Les causes

Les problèmes du moteur PWG sont sans aucun doute la raison principale des retards dans la montée en puissance de l’A220. Mais cette semaine, le chef des opérations d’Airbus, M. Alberto Gutierrez, cliquez ici pour lire l’entretien avec M. Gutierrez, affirme que les livraisons de moteurs étaient assurées jusqu’à la fin de l’année. Ses propos sont en ligne avec ceux tenus par Pratt & Whitney la semaine dernière. En effet, le motoriste a déclaré qu’en mai, il était parvenu à sortir plus de moteurs des ateliers de révision que le nombre qui y est entré. Cela lui permet donc de libérer un plus grand nombre de pièces et de moteurs neufs pour les avionneurs. Une augmentation de cadence sur les lignes d’assemblage est donc possible.

La pénurie puces électroniques qui a affecté Airbus l’an dernier est presque entièrement résorbée. Dans le cas de l’A220, certaines composantes du poste de pilotage étaient très en retard. Il reste encore quelques problèmes du côté des sièges notamment. Mais un nouveau problème est apparu cette année avec la fourniture d’acier pour l’aéronautique. Ce matériel est utilisé pour les structures qui subissent de grandes contraintes telles que les trains d’atterrissage. Le délai de livraison de l’acier aéronautique qui était de huit mois est maintenant de 20 mois. Airbus travaille actuellement à stabiliser cette chaîne d’approvisionnement.

L’A220 en 2023 et 2024

Au cours des derniers jours, le président d’Airbus Canada, M. Benoit Schultz, s’est dit assuré de pouvoir accélérer la cadence lors du deuxième semestre de 2023. En aéronautique, les cinq premiers mois de l’année sont souvent les plus tranquilles. C’est particulièrement le cas avec Airbus qui nous a habitués à des ralliements de fin d’année. Certainement que le fabricant est capable d’en produire 60 A220 cette année, mais cela serait encore trop peu si le but est toujours 14 mois à la fin de 2025. À partir de 66 livraisons, l’on pourra parler d’une progression plus que raisonnable. Si jamais le chiffre de 72 est atteint, alors je promets de coller trois étoiles en or dans le cahier d’évaluation de M. Schultz ainsi que tous les employés d’Airbus à Mirabel qui me le demanderont. Si tous se passe bien en 2023, il faudrait viser de 84 à 96 livraisons en 2024. 

Pour ma part, je crois qu’il y aura une augmentation de la cadence, mais elle sera nettement insuffisante pour arriver à 14 A220 par mois en 2025. Je dois vous avouer que les derniers mois m’ont rendu sceptique sur la capacité de tous les avionneurs à augmenter les cadences de production en 2023. En effet, la pandémie a mis à jour la grande fragilité des chaînes d’approvisionnement qui avaient été poussées à l’extrême. À ce jour, rien ne nous indique que les fabricants aient repris le plein contrôle. Mais j’espère bien me tromper et que « nom d’un capitaine, les sceptiques seront confondus-du-du-du-du-du!…«

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