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La chaîne d’approvisionnement : l’avantage de Bombardier sur Boeing

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Le gouvernement canadien s’apprête à décider s’il va aller en appel d’offres pour le remplacement des CP140 Aurora. Selon moi, Bombardier serait un fournisseur plus fiable et voici pourquoi.

La bonne décision

C’est en pleine pandémie qu’Éric Martel a pris la direction de Bombardier. À cette époque, tous les fabricants en aéronautique ont coupé dans la production et dans les coûts d’opération. C’est ainsi qu’ils ont également réduit le personnel affecté au suivi des fournisseurs. Mais M. Martel a plutôt opté pour augmenter les ressources afin d’avoir un portrait plus clair de ce qui se passait dans la chaîne d’approvisionnement. Le fabricant d’avions d’affaires a alors envoyé des représentants chez ses fournisseurs de troisième et deuxième niveau.

C’est ainsi que l’équipe de gestion a été en mesure de voir venir les problèmes bien avant qu’ils n’arrivent sur les lignes d’assemblage. Dans certains cas, Bombardier a rapatrié à l’interne les lots industriels des fournisseurs les moins solvables. Dans d’autres cas, l’ouvrage a été confié à des sous-traitants mieux organisés. Le résultat esr que depuis la pandémie, Bombardier est le seul fabricant d’avions à avoir accéléré les cadences de production et n’avoir raté aucun objectif annuel. Mais cela ne veut pas dire que tout va parfaitement, il y a encore des perturbations, mais l’entreprise les gère.

Pourtant, en mars 2021, l’avionneur avait annoncé un programme de réduction des coûts de l’ordre de 400 M$. De toute évidence, les coupures ont été choisies de manière à éviter de perturber la chaîne d’approvisionnement. C’est un choix qui s’avère fort utile aujourd’hui.

Pendant ce temps chez Boeing

Cela fait maintenant quatre ans que les problèmes de qualité se multiplient chez Boeing. Dans bien des cas, c’est le manque de contrôle chez les fournisseurs qui est à pointer du doigt. Malgré tous ses efforts, le géant de Seattle n’arrive pas à prendre le dessus et peine à livrer les avions aux clients. Notez que les divisions militaires et civils de Boeing connaissent des difficultés.

Mais ce qui est moins connu, ce sont les problèmes d’approvisionnement en pièces de rechange du fabricant et même dans le domaine militaire. En 2021, le département de la défense des États-Unis a publié un rapport sur le faible taux de disponibilité du P-8A Poseidon de la marine. Cliquer ici afin de lire le rapport en question. Ce rapport donne des exemples pièces qui sont difficiles à obtenir :

« P=8A Poseidon squadrons experienced consumable spare parts shortages, such as O rings, valve assemblies, bolts and rivets, while deployed in the USEUCOM area responsibility. »

Bref, il est difficile d’obtenir des rivets et des boulons afin d’entretenir les appareils. L’un des problèmes est que Boeing n’aurait pas fourni la liste complète des pièces de rechange sur le P-8A.

Une fiabilité douteuse

Il y a également la fiabilité des systèmes électroniques de surveillance maritime qui soulève des doutes. Voici un extrait de la page 14.

« (U) Although the daily mission capability rates of the P-8A Poseidon aircraft deployed to USEUCOM met the 85 percent overall requirement, we found that the mission capability rates for the P-8A Poseidon to conduct its ASW mission while deployed to USEUCOM remained below 85 percent. During the period from October 2018 through March 2020, the P-8A aircraft averaged 60 percent mission capable for the ASW mission while deployed to USEUCOM. »

Et encore :

« (U) We found that for over 90 percent of the time from October 2018 through March 2020, at least one of the deployed aircraft had one or more of the five subsystems described above identified as inoperative. Table 4 illustrates, by quarter, the number of P-8A Poseidon aircraft at NAS Sigonella and available for ASW, along with the corresponding mission capability rates. The mission capability rates and numbers of aircraft available were calculated based on the number of P-8A Poseidon aircraft deployed to USEUCOM. »

 

 Sept ans après l’entrée en service, les systèmes les plus critiques de l’avion avaient toujours un taux de défaillance trop élevé.

L’importance du style de gestion

Si Bombardier s’en sort mieux que les autres avec sa chaîne d’approvisionnement, c’est qu’elle a su faire les bons choix. Plutôt que d’y aller de coupes aveugles, le fabricant a pris soin d’éviter d’aggraver une situation déjà périlleuse.

Pour ce qui est de Boeing, les problèmes des quatre dernières années pointent tous vers une priorisation des profits au détriment du reste.

Peu importe le type d’avion, le Canada tant à garder ses aéronefs deux fois plus longtemps que les autres pays. Un mauvais choix à l’achat aura des conséquences néfastes pour les 40 prochaines années. Le meilleur fournisseur n’est pas toujours celui qui offre le meilleur prix. La gestion et la capacité d’une entreprise à solutionner les problèmes sont importantes quand on s’engage pour une longue période.

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