Aérospatiale

Le Super-Hornet Block III, un bon choix pour le Canada?

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Dans le cadre du « Projet de capacité des futurs chasseurs » du Canada, Boeing offre le Super Hornet Block III. J’ai eu l’occasion de soumettre mes questions à Boeing Defence à propos de sa proposition pour le Canada. 

L’électronique

La mise à niveau du Block III permet au Super-Hornet de rencontrer tous les standards d’un avion de chasse moderne. 

L’électronique du Block III comprend une capacité de réseau améliorée permettant la détection à longue portée; en plus de ses détecteurs embarqués, il peut également utiliser les satellites. Grâce à sa grande capacité de travailler en réseau il peut utiliser tous les autres systèmes de détection à sa disposition. Il peut ainsi détecter à distance la présence d’appareils ayant une faible signature radar sans utiliser les siens. 

La liaison des données est jumelée à la capacité d’affichage de l’écran dans le cockpit. Ce système fournit une image tactique commune aux différentes unités présentes dans la zone de combat. Il en résulte une meilleure capacité de cibler les menaces dans une zone de combat intense. Toutes ces sources d’informations intégrées permettent aux pilotes d’avoir une meilleure conscience situationnelle. Les informations exploitables acquises par le Super-Hornet peuvent être réinjectées dans le réseau afin d’être utilisées par d’autres. 

Le Super-Hornet peut interagir avec tous les avions des coalitions dont fait partie le Canada y compris le F-35. Selon Boeing, l’avionique du Super-Hornet n’a rien à envier aux compétiteurs, bien au contraire. 

2 Super-Hornet Block III de l'ARC
2 Super-Hornet Block III de l’ARC

La capacité

Le Canada est un territoire très vaste à défendre et requiert des avions de chasse ayant une grande autonomie. Le Super-Hornet Block III possède une autonomie accrue par rapport aux CF-188 Hornet. Boeing souligne qu’il peut transporter plus de missiles air-air que la concurrence. Le Super-Hornet a été conçu pour répondre à un large éventail de missions, notamment : la défense antimissile de croisière, les attaques aériennes offensives et défensives, le support tactique pour des missions au sol et les attaques maritimes. 

En ajoutant des réservoirs supplémentaires, le Super-Hornet du Block III peut également servir d’avion de ravitaillement. Il peut aussi décoller et atterrir sur des pistes plus courtes, ce qui permet de le déployer sur plus d’aérodromes. 

Le Canada a l’habitude d’utiliser ses appareils plus longtemps que les autres pays. Le Block III comprend une extension de la durée de vie utile à 10 000 heures de vol. Ce qui est nettement supérieur à ce qu’offre la compétition. 

La maturité

La flotte d’avions de chasse du Canada est de petite taille si on la compare à celle des autres pays. Pour cette raison, le Canada ne peut se permettre de mettre en service un programme d’avion qui n’a pas déjà atteint la maturité. 

La construction du premier Super-Hornet Block III est déjà très avancée. C’est en 2022 qu’il devrait débuter sa capacité opérationnelle au sein de la US Navy. En 2025, il devrait avoir atteint sa capacité opérationnelle complète avec la US Navy. C’est également en 2025 que le Canada devrait recevoir son premier avion chasse. 

Voici ce que Boeing mentionne à propos de la concurrence : 

« Étant donné les défis continus de développement des avions de chasse de nos concurrents, on peut affirmer que le Super Hornet Block III est l’offre la plus mature de la compétition. »

Le coût d’opération

Le coût d’acquisition des avions de chasse n’est qu’une partie de la facture, le coût d’opération est l’autre composante importante. 

Boeing soulève que les coûts d’opération du Super-Hornet Block III seront de 25 418 $ CDN de l’heure de vol. Boeing utilise les coûts calculés par le département de la défense américaine. Selon cette même source, le F35 coûterait 63 250 $ CDN de l’heure de vol. C’est presque deux fois et demie de plus que le Super-Hornet. 

La marine américaine a commandé 78 Super-Hornet du Block III et la mise à niveau de 450 Super-Hornet usagés. Le Canada pourra donc avoir accès à tous les avantages du Bloc III sans avoir à payer son développement. Il s’agit donc d’une aubaine pour le Canada. De plus, Boeing prévoit effectuer des mises à niveau pour la US Navy jusqu’en 2033. Les Super-Hornet seront donc en service pour encore plus de deux décennies. 

La transition du CF-188 Hornet au Super-Hornet permettrait au Canada de faire d’importantes économies, les équipements de support au sol étant les mêmes. 

ARC Super-Hornet Block III en patrouille
ARC Super-Hornet Block III en patrouille

Les retombées économiques

L’hiver dernier, j’ai eu vent de négociations entre Boeing et L3 MAS afin d’assembler les Super-Hornet à Mirabel. De son côté, L3 MAS m’avait déjà répondu qu’ils ne souhaitaient pas commenter. J’ai donc profité de l’occasion pour poser la question à Boeing qui a donné la réponse suivante :

« Boeing a discuté de l’assemblage final du Super Hornet avec un partenaire canadien clé. Sur la base de ces discussions et de l’analyse de rentabilisation connexe, il a été décidé de se concentrer sur la réparation et la révision d’entretien des Super Hornets au Canada. »

(Selon mes sources, c’est L3 MAS qui a jugé l’opération non rentable.)

Mais Boeing tient à souligner qu’elle compte plus de 560 fournisseurs canadiens représentant 1,5 $ d’achat par année. De plus, Boeing compte transférer les compétences et la technologie afin de permettre à l’industrie canadienne d’entretenir les Super-Hornet. Cela permettrait à L3 MAS de faire l’entretien des Super-Hornet Block III canadiens et américains. 

Conclusion

Du point de vue technique, le Super-Hornet Block III est tout à fait capable de rencontrer les exigences canadiennes. Mais du point de vue économique, le Super-Hornet a un très gros avantage sur le F35. Pour ce qui est du Gripen E, il reste à prouver qu’il rencontre le critère du NORAD. Cette dernière exigence impose qu’il soit en mesure d’utiliser tout l’arsenal américain et ce sera difficile à faire. 

Enfin, du point de vue des retombées économiques, là encore le Super-Hornet Bloc III a un gros avantage. La possibilité pour les compagnies canadiennes de faire l’entretien fait une grosse différence. C’est ce qui a permis le développement de l’expertise de L3 MAS à Mirabel et des emplois y étant rattachés. De son côté, Lockheed Martin refuse que l’entretien des F-35 soit faite en dehors des États-Unis. 

Finalement, le Super-Hornet Block III est un bon choix pour le Canada.

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20 avis sur “Le Super-Hornet Block III, un bon choix pour le Canada?

  • Nicolas

    Tu as raison, de plus l’Allemagne va également en commander une quarantaine pour remplacer les Tornados. Parmi les avantages sur le F-35, tu peux également ajouter que le Super Hornet peut-être utilisé sur les porte-avions américains.

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    • André Allard

      Dommage qu’L3 est refusé de faire l’assemblage ici. Dans les circonstances actuelles, ce serait un argument très important.

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  • Mathieu

    La question qui tue… nous avons les ressources, les connaissances, de bon travailleurs aéronautique au Canada et au Québec. Pourquoi pas ne pas le faire nous mêmes au lieu de toujours dépendre des américains???? Just Saying.

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    • Nicolas

      Parce que développer un nouveau chasseur c’est facilement 10 à 20 milliards $ (développement seulement pour un chasseur léger type Gripen) et une vingtaine d’années avant d’être opérationnel, si tout va bien…

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      • Nicolas

        Gripen: Début du développement en 1979, premier vol en 1988, entrée en service en 1996
        Rafale: Début du développement en 1975, premier vol en 1986, entrée en service en 2001
        Typhoon: Début du développement en 1985, premier vol en 1994, entrée en service en 2003

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  • François Bouchard

    Je ne sais pas pour vous autres mais j’ai encore en teavers de la gorge la jambette que cette compagnie a donné à l’industrie Canadienne.

    Depuis cette aventure, Bombardier a changé de face certes, le pdg fautif de Boeing a levé les feutres mais quand est-il de l’ADN de cette compagnie? Est-ce que l’industrie du pays peut lui faire confiance? Pour moi, ça reste à prouver.

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    • André Allard

      Moi aussi j’ai encore ce triste aventure en mémoire et je ne me suis pas privé pour blaster Boeing et le MAX. Ce que j’ai appris depuis, c’est que les gens de Boeing défense étaient contre la stratégie de Boeing Corporate. Je me trompe peut-être, mais je crois que d’ici deux ans, Boeing avions civile et Boeing défense seront séparés. Boeing défense sera alors une entité beaucoup plus viable et avec une culture bien différente.

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      • On demande a Boeing de donner $20 milliards a Bombardier et on oublie les querelles. En signe de de bonne volonté bien sur. Sinon il va falloir douter de leur bonne foi pour ce contract et on passe a un autre appel. Lol !😊

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    • Sauf que les choix qui restent sont peu nombreux: le Gripen, surement beaucoup de retombées mais ne rencontre probablement pas tout les critères de l’armée et finalement le F-35, qui satisfait les exigences des militaires mais très peu de retombées locales…

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  • louis martineau

    Aucun investisseur privé ne voudrait supporté les coûts d’un tels développement. Le Canada ne pourrait pas à lui seul supporter un tels investissement sans l’appuis de d’autres pays qui pourraient y voir un intérêt. Mais les pays qui ont une force militaire qui utilisent ces avions est très limiter et quelques uns d’entreux ont déjà cette industrie sur leurs territoires. Le plus que le Canada peu faire c’est de négocier fortement des retombés économiques sur son territoire en faisant un choix du fabricant américain. Mais dans le choix d’avions militaires pour le traité du Norad quand on lie bien ce qui est mentionné ça ne peu être que des appareils développer au usa sans le mentionner spécifiquement. La logique défensive et offensive américaine ne sera jamais confier à des avions qu’ils ont pas eux-même développer. Pour les missions de l’OTAN je crois que le Canada pourrait choisir des avions Européennes. Mais politiquement pas sûr qu’il le fera. Pour ces besoins intérieur le Canada à déjà des appareils européens. Jamais les Américains et Russes qui dominent encore militairement le monde ne vont se fier à des avions qu’ils ont pas développer et produirent tous les pièces. Et que dire de la Chine que joindra ces deux puissances militaires dans les prochaines années. Et le Canada est toujours sous parapluie nucléaire américain, ces choix devront tourjours tenir compte de ce fait. C’est ce dont je comprend.

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  • Après toutes les dépenses provoqué par le COVID-19, je me demande: Avons nous vraiment besoin de ça?

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    • André Allard

      Assurer la sécurité du territoire n’est pas une option, c’est une obligation.

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  • C’est avoir la mémoire courte que d’acheter du Boeing. Avec ce que les USA ont voulu faire dernièrement sur le Cseries et l’industrie aéronautique du Canada, il faut bien entendu oes boycotter! Surtout que dans le passé nous avons bon nombres d’autres exemples…

    Pourquoi ne pas se tourner vers l’Eurofighter ou le Rafale qui est un avion très polyvalent et efficace?

    Ne soyons pas dupe !

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  • ERIC TREMBLAY

    C’est sûr que Boeing Defense était contre la stratégie du siège social; ils avaient presque qu’en main la vente de F-18E « intérimaires »… Ce qui aurait assuré de gagner la vente du contrat principal.

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  • MarcelC.

    Le meilleur choix, stratégique et économique, aurait été le Rafale. Mais, on sait tous que c’est politiquement impossible, ici en Amérique, d’acheter autre chose que made in USA.

    Dans ce contexte, je pense que le SHBIII présente plus d’avantages que le F-35. Des coûts moindres : acquisition, transition, formation, entretien, etc. Et plus de retombés économiques. Aussi, sa double motorisation le rend mieux adapté aux types de manœuvre dans nos grands espaces.

    Concernant la plainte de Boeing contre la CSeries, c’est maintenant chose du passé. Avec du recul, je mets ça sur le dos d’un momentum occasionné par l’arrivée de Trump au pouvoir. Boeing a surfé sur la vague du protectionnisme ambiant. Actuellement, le mieux qui pourrait arriver à Boeing est de séparer les divisions défense et civile, et de remplacer tout le staff impliqué dans le scandale du 737 MAX 8.

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  • Guillaume

    C est pas gagné pour les F18 Allemands.
    Le f35 est sortis, le scaf est sauvé, c est déjà ça.

    Ils remplacent 83 tornado par 93 Typhoon et 45 F18 en de plus juste pour balader une bonne nucléaire des années 50…
    L opposition est contre et le SPD veut sortir de la défende nucléaire de l OTAN pour une défense nucléaire européenne (si la France accepte). Si cela se concrétise le F18 n aura pas de raisons d être.

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  • L. Morissette

    j’maintiens que Boeing aurait dû offrir au Canada le nouveau F-15X un peu comme le nouveau F-15QA 😉 (excusez-moi j’trop fan de cet avion) 🙂

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    • André Allard

      LOL! J’aime ce genre de question parce que ça permet d’ouvrir un débat!. Je considère que le F-15X est un très bon appareil, mais… le coût de transition? Quelqu’un veut rajouter quelque chose?

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  • Stéphane Légaré

    À mon avis le choix politiquement correct serait d’acheter des Gripen moins dispendieux plus économique en heures de vol fiable aux conditions hivernales et arrêter d’être toujours les moutons des Américains. Les Gripens dont sûrement convertissables pour le NORAD. Le Covid 19 nous a coûté cher. C’est une bonne occasion d’acheter à petit budget et faire une bonne affaire avec les Smartfighters

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