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Prendre l’avion en temps de pandémie

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Le 23 juin dernier, j’ai effectué un aller-retour Montréal-Toronto afin de vivre l’expérience passager en temps de pandémie. Par la suite, j’ai fait une entrevue avec la responsable de la biosécurité chez Air Canada, Mme Véronique Amar. Le présent texte est résultat de mes lectures, entrevues et de mon expérience personnelle.

Mais avant de commencer, je tiens à faire une mise en garde importante : peu importe la qualité des mesures de sécurité mises en place, si vous avez un ou des facteurs de risque, ne voyagez pas, peu importe le mode de transport. Attendez que l’épidémie soit sous contrôle avant de prendre le large. 

L’arrivée à l’aéroport

La première chose qui frappe en arrivant à l’aéroport, c’est le stationnement presque vide et l’absence de files d’attentes. Pour mon vol prévu à 6H00 AM, je suis arrivé à 4h45 et je n’ai eu aucune difficulté à passer les contrôles de sécurité. 

À partir du moment où vous entrez dans le terminal, vous devez porter un masque en tout temps. Sachez que vous pouvez être expulsé manu militari si vous ne portez pas de masque. Depuis le 22 juin, tous les passagers qui arrivent à Montréal-Trudeau doivent emprunter les portes 4-11 et 25. Ils doivent y remplir un questionnaire et faire prendre leur température. Notez qu’à mon arrivée il n’y avait personne, car les contrôles débutent à 5H00 AM. Seuls les passagers sont admis dans le terminal et les accompagnateurs doivent demeurer à l’extérieur. 

Aux aéroports de Montréal, Toronto et Vancouver, Air Canada offre maintenant un service d’enregistrement des bagages automatisé et sans contact. Pour ma part, je n’avais aucun bagage à enregistrer et j’avais ma carte d’embarquement sur mon cellulaire. Je suis arrivé à ma porte d’embarquement à peine 12 minutes après être sorti de ma voiture. En général, les gens respectent la distanciation sociale et le faible volume de passagers aide aussi beaucoup. 

L’embarquement

L’embarquement à bord des avions ressemble beaucoup à ce qui se faisait avant mais avec quelques différences. Les gens font preuve d’une plus grande patience et attendent que leur zone d’embarquement soit appelée. Ils gardent leur distance tout au long du processus. Un agent de bord prend la température de chaque passage et il faut montrer son visage avant au point de contrôle. 

Le changement le plus notable est l’ordre d’embarquement qui se fait plutôt de l’arrière vers l’avant de l’avion. Cela évite que les gens se croisent dans l’allée lors du processus. Mais notez que les passagers de la classe affaires ont encore la priorité d’embarquement. 

La cabine et la qualité de l’air

Voici quelques informations techniques sur la qualité de l’air à bord des avions : tous les appareils d’Air Canada sont maintenant muni de filtres à air Health Efficciency Particulate Air (HEPA) qui filtre 99,9% des particules. Le faible taux d’humidité de l’air d’un avion réduit considérablement la durée de vie d’un virus en suspension. Dans un avion, l’air frais et filtré arrive par le haut et circule vers le bas

Une fois l’air aspiré par les prises du bas une partie de celui-ci est évacué à l’extérieur. L’air recyclé doit obligatoirement passer par les filtres HEPA avant d’être redirigé dans la cabine. J’ai effectué mes deux vols sur l’A220-300 d’Air Canada qui compte les particularités suivantes : en temps normal 50 % de l’air est filtré et le reste est expulsé à l’extérieur. Sur l’A220, il est possible de passer en mode 100 % d’air non recyclé mais cela n’est pas recommandé; cela n’améliore pas vraiment la qualité de l’air et augmente la consommation de carburant. Sur l’A220, tous l’air provenant des toilettes et des soutes à bagages est expulsé vers l’extérieur. 

Cabine A220-300 d’Air Canada en classe économique

Depuis le début de la pandémie, les connaissances sur la transmission des virus à bord d’un avion ont beaucoup évolué. On sait maintenant que la plupart des transmissions se font entre passagers et agents de bord. Cela s’explique par le fait que les agents de bord font face aux passagers lorsqu’ils donnent du service. Le fait que tous les passagers soient assis dans la même direction réduirait les risques de propagation entre eux. Le port du masque vient alors réduire grandement les probabilités de propagation. Enfin, Air Canada désinfecte les cabines après chaque vol.

Le vol

Avant le décollage, les passagers reçoivent leur trousse soin propre +. Elle contient une bouteille d’eau, une paire de gants, un masque, un gel désinfectant et deux lingettes désinfectantes. Cette trousse vous appartient et vous la gardez avec vous même si vous ne l’utilisez pas. 

Il est recommandé d’éviter de se déplacer dans la cabine durant le vol. Sur un court vol comme celui entre Montréal et Toronto, évitez d’aller à la toilette. Si vous avez besoin de remplacer votre masque ou de disposer d’un objet, utilisez le sac à malaise (mal de l’air) dans la pochette en avant de vous. Les agents de bord ne font qu’une seule tournée de ramassage avant la fin du vol. C’est à ce moment que vous pourrez disposer du sac à malaise. 

Si vous avez besoin de changer de masque durant le vol, jetez le dans le sac à malaise. Si vous devez absolument utiliser les toilettes, profitez de l’occasion pour changer de masque au besoin. 

Mais il y a un comportement que les passagers ont encore de la difficulté à changer : après le vol, lorsque l’avion s’immobilise à la barrière et que la consigne de sécurité s’éteint, tous les passagers se lèvent en même temps et se placent à la queue leu leu. En faisant cela, les passagers se trouvent à annuler tous les efforts de distanciation sociale qu’ils avaient faits. 

Les changements à venir

Jusqu’à maintenant, les mesures de protection bio sanitaires mises en place ont très bien fonctionné. D’ailleurs, le Président et chef de la direction de Delta Airlines, M. Ed Bastian, a déclaré ceci dernièrement : 

« Depuis la mise en place de toutes nos mesures de protection, nous n’avons rapporté aucun cas de transmission à bord ».

Ceci tend à prouver que les mesures actuelles sont très efficaces. 

Pour sa part, Air Canada va reprendre graduellement certains services en vol comme les repas et les breuvages vers la fin juillet. La compagnie recommencera à distribuer des oreillers et des couvertures dans des sacs scellés. Les salons Feuille d’érable recommenceront à ouvrir eux aussi. 

Dans les aéroports, les restaurants qui servent aux tables devraient rester fermés encore un certain temps. Seuls les restaurants servant des repas pour emporter demeurent ouverts pour le moment. 

La politique du siège du milieu vide

Dès le premier juillet, Air Canada met fin à sa politique du siège du milieu vide. Si l’on se fie au faible taux de transmission du virus depuis la mise en place des mesures de biosécurité, cette décision nous paraît logique et acceptable. Mais il faudra voir quelle sera la réaction des passagers à ce changement. Air Canada offre tout de même la possibilité de changer de vol si la classe économique se remplit. 

Ce qui est certain, c’est que la politique du siège du milieu vide ne pouvait pas durer éternellement. Il est impossible de rentabiliser un vol si seulement 60 % des sièges de l’avion sont disponibles. Si le gouvernement canadien désire imposer la politique du siège vide, il devra compenser pour les pertes financières des compagnies.

Conclusion

Dans les avions comme partout ailleurs dans la société, les mesures de distanciation et de protection sont efficaces. Le moindrement que vous vous conformez, les risques de propagation diminuent de beaucoup. En fait, si vous voyagez, vous risquez beaucoup plus d’attraper la COVID19 à destination que lors du vol. 

Il est inexact d’affirmer que l’avion ont été le grand responsable de la propagation de la pandémie. Ce sont les déplacements de personnes infectés d’une région à l’autres qui ont répandu le virus. Le moyen de transport n’a rien à voir, à ce compte les déplacements en voiture on énormément contribué. Dites-vous bien qu’avec les mesures de protection, ce sont les humains qui transmettent les virus pas les avions. 

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