Transport aérien

WestJet accélère sa régionalisation

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WestJet a annoncé hier qu’elle éliminerait 3 300 postes de plus dans son organisation afin de réduire ses coûts d’opération. Quand on analyse les décisions prises par WestJet depuis deux ans, on constate une régionalisation de ses opérations.

La montée dans l’Est

WestJet a été fondée en 1996 et a débuté ses opérations à Calgary où elle a son siège social. À ses débuts, le modèle d’affaires de cette compagnie était calqué sur la « low cost » américaine Southwest. Le boom pétrolier qu’a connu l’Alberta et l’Ouest canadien lui a été très favorable. Les habitants des prairies canadiennes se sont rapidement identifiés à cette compagnie régionale. 

Au début des année 2010, l’industrie pétrolière de l’Ouest canadien connaissait une importante pénurie de main-d’œuvre. Elle importer des milliers de travailleurs de l’Est canadien. WestJet a saisi cette opportunité pour étendre son réseau jusque dans les Maritimes. La compagnie albertaine a fait évoluer son modèle d’affaires avec l’augmentation de la demande; au début, la compagnie n’avait que des Boeing 737 dans sa flotte afin de réduire les coûts. Mais en 2012, elle a commencé à diversifier sa flotte avec une commande ferme de 20 Q400 de Bombardier. Cet ajout permettait à WestJet de mieux desservir les régions moins densément peuplées comme les Maritimes. 

Au début de 2017, WestJet lance un premier véritable assaut afin de conquérir le marché québécois. En février, la compagnie annonce l’ajout de 105 vols hebdomadaires au Québec. Mais, elle n’établit pas une véritable base d’opération à Montréal-Trudeau qui est alors le troisième aéroport au pays devant Calgary. L’expansion de la compagnie albertaine au Québec et dans l’Est se justifie par son ambition vers le marché international; en mai 2017, WestJet passe une commande ferme de 10 B787-9 afin de se lancer entre autres sur le marché transatlantique. Pour remplir les gros porteurs, le transporteur doit élargie sa base de clientèle et le Québec offre un bon potentiel. 

Le repli dans l’Ouest

Le 31 juillet 2018, WestJet rapporte son premier déficit trimestriel en 13 ans. Par la suite, la compagnie adopte une série de mesures afin de réduire ses coûts d’opération. La compagnie retire plusieurs vols au Québec et dans l’est du Canada. C’est à ce moment que la compagnie a débuté son repli dans son fief de l’Ouest.

La crise de la COVID19 accélère le mouvement de replis amorcé à l’été 2018; à partir de juillet prochain elle n’offrira plus que 4 vols quotidiens entre Montréal et Toronto et 6 vols hebdomadaires à Calgary. Elle offrira également seulement 3 vols hebdomadaires entre Québec et Toronto. WestJet va donc effectuer un total de 37 vols hebdomadaires au Québec. En comparaison, les Maritimes compteront 62 vols hebdomadaires et 12 liaisons différentes. Le marché québécois continue d’échapper à la compagnie albertaine. 

La dernière annonce de Westjet fait état de 3 300 mises à pied afin de réduire ses dépenses. La compagnie ne gardera qu’un seul centre d’appel à Calgary et coupe des emplois dans les services au sol. Dorénavant, elle fera appel à des sous-traitants pour les services aéroportuaires sauf à Vancouver, Calgary, Edmonton et Toronto. Le transporteur aérien n’aura donc plus d’employés à l’est de Toronto réduisant ainsi sa présence dans les communautés. Une fois cette dernière mesure complétée, la compagnie pourra retirer encore plus de vols dans l’Est selon les besoins. 

Le mauvais choix

L’économie de l’Ouest canadien a toujours bien servi WestJet et son réflexe est de se tourner vers elle à nouveau. Mais c’est un choix qui me paraît discutable à cause des changements à venir dans l’économie mondiale. 

L’économie de l’Ouest canadien est basée sur ses richesses naturelles et le pétrole en particulier. Or, les économies basées sur les richesses naturelles sont celles qui sont les plus vulnérables aux aléas des fluctuations économiques. L’économie de l’Alberta est déjà très affectée par les effets de la COVID19 sur la demande en pétrole. De plus, la très grande majorité des pays du monde cherchent à s’éloigner des énergies fossiles. L’économie de l’Ouest canadien risque fort d’en arracher dans les années à venir et West Jet aussi.

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