Air Canada veut toujours acquérir Air Transat

Depuis le début de la pandémie, la transaction Air Canada Air Transat est souvent remise en question. Les dirigeants des deux compagnies refusent de commenter sur ce sujet et il devient difficile d’avoir de l’information. Pour comprendre quelles sont les intentions d’Air Canada, il faut alors regarder les décisions que prennent les deux compagnies.

Rouge deviendra un transport à rabais (LCC)

Au moment où Transat A.T. dévoilait ses derniers résultats, le président et chef de la direction d’Air Canada, M. Calin Rovinescu, participait à une discussion web organisée par Aviation Week. Heureusement, la technologie m’a permis de faire preuve d’ubiquité et j’ai été en mesure de regarder les deux présentations. 

M. Rovinescu a expliqué comment Air Canada avait modifié stratégie pour sa filiale Rouge. Les B767 de rouge sont maintenant tous retirés et la compagnie n’aura plus que des monocouloirs dans sa flotte. Rouge exploitera uniquement des A320 et A321 car les A319 sont retirés eux aussi. Rouge ne sera donc plus en mesure d’exploiter des vols transatlantiques sur les grandes villes européennes. M. Rovinescu a mentionné qu’Air Canada serait en mesure de compenser en partie pour le retrait des B767 de Rouge. 

Rouge a toujours eu un coût par siège par mile disponible inférieur de 29% à celui d’Air Canada. La simplification de sa flotte et de ses liaisons devrait améliorer encore plus son rendement. Rouge a maintenant le profil typique d’un transporteur à rabais (LCC). Air Canada pourra utiliser son LCC afin de mieux concurrencer Swoop qui est le LCC de Westjet ainsi que Flair. 

Le vide laissé par Rouge

Rouge permettait à Air Canada de faire face à la concurrence des compagnies à bas prix sur le marché transatlantique. Son retrait de ce marché ouvre tout grand la porte aux compagnies à bas prix : Air Transat, Corsair, Iberia et Level espèrent justement ce genre d’occasion afin d’aller chercher cette clientèle. 

De plus, pour traverser l’Atlantique, Air Canada ne peut compter que sur ses A330-300 dont la configuration va de 285 à 292 passagers. Les B767 de Rouge avaient une capacité de 282 passagers et ceux d’Air Canada 211. Après la COVID19, plusieurs liaisons comme Montréal-Bordeaux par exemple, seront très difficile à rentabiliser en A330. 

L’avantage d’acquérir Air Transat

L’acquisition d’Air Transat permettrait de combler le vide laissé par Rouge avec les A321LR de Transat. Avec une capacité de 199 sièges, l’A321LR peut facilement atteindre l’Espagne et la France au départ de Montréal.  Air Canada pourrait alors conjuguer ses passagers avec ceux d’Air Transat. Montréal-Bordeaux, Lyon et Toulouse sont des exemples de routes qu’il serait plus facile à rentabiliser. 

Air Transat a elle aussi procédé à une restructuration de sa flotte qui compte maintenant A321, A321LR et A330. Durant la saison estivale, cette flotte pourrait être déployée presqu’en entier sur les vols transatlantiques laissant ainsi le chemin libre à Rouge sur le marché des vols Nord-américains. L’hiver, les A321 pourraient venir en renfort afin de répondre à la demande sur les destinations soleil.

La décision des autorités

Le retrait de Rouge sur les routes transatlantiques permet de laisser tomber certains de ses créneaux d’atterrissage. Le porte étendard canadien dispose donc d’une monnaie d’échange afin d’amadouer les autorités règlementaires. Cependant la décision d’approuver ou non la transaction Air Canada-Air Transat tarde à venir. L’échéance initiale du 27 juin 2020 peut être repoussée jusqu’au 26 décembre 2020. C’est fort probablement à l’automne que nous serons fixés à ce sujet. 

À l’été 2019, cette transaction faisait beaucoup de sens, la COVID-19 ne fait qu’accentuer ce besoin. Maintenant, est-ce qu’Air Canada voudra renégocier le prix? Hum! Fort possible! 

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