AérospatialeBombardier

Bombardier : gérer la production durant la pandémie

Pour partager cette publication :

À la fin du mois de septembre, Bombardier a débuté la deuxième phase de son programme de mises à pied. Rappelons qu’en juin dernier l’entreprise avait annoncé une rationalisation comportant 2 500 mises pied. De ce nombre, 1 400 devraient avoir lieu dans la région de Montréal. Dernièrement des informations contradictoires ont circulé sur les réaux sociaux et j’ai fait mes vérifications. Pour ce faire je me suis entretenu avec M. Mark Masluch qui est Directeur Communications et Affaires publiques de Bombardier.

En temps normal, la gestion de la production en aéronautique est complexe et demande un suivi serré. Bombardier se fait un point d’honneur de répondre aux besoins particuliers de ses clients. Le fabriquant doit parfois acheter de très petits lots de pièces surtout pour la finition intérieure. Le service d’approvisionnement doit alors commander des mois à l’avance voire un an avant que l’avion ne soit complété. Toutes les composantes de l’avion doivent arriver sur la ligne d’assemblage au bon moment afin de maintenir la production.

La chaîne d’approvisionnement durant la pandémie

M. Masluch mentionne que la pandémie a augmenté de beaucoup le niveau de complexité de la chaîne d’approvisionnement. Il faut faire un suivi avec chacun des fournisseurs afin de s’assurer qu’il est en mesure de produire. La sévérité de la pandémie et les restrictions gouvernementales varient beaucoup d’une région du monde à l’autre. Alors que la chaîne d’approvisionnement peinait à se remettre de la première vague, la deuxième vient tout bousiller. En temps normal, Bombardier peut déléguer un agent qui se rend chez le fournisseur afin de faire le point. Le fait d’avoir un employé sur place aide beaucoup à comprendre les problèmes du fournisseur et à les régler. Mais la pandémie fait en sorte qu’il est maintenant très difficile d’avoir des employés chez les fournisseurs.

L’importation de biens est maintenant plus difficile qu’avant et surtout prend plus de temps. L’Agence des services frontaliers du Canada a vu ses opérations être affectées elle aussi. L’obtention de la documentation et le suivi des marchandises demande donc plus de temps qu’avant. Comme si cela ne suffisait pas, il y a eu une grève au port de Montréal qui a retardé certaines livraisons. 

Au cours de l’été, Bombardier a choisi de rapatrier à l’interne les lots industriels (work package) d’un fournisseur en faillite. Il a donc fallu installer rapidement la production de ces lots au plan 1. M. Masluch mentionne qu’il n’est pas impossible que d’autres fournisseurs cessent leurs activités. Le problème c’est qu’il est difficile de prédire qui fera faillite et quand exactement. 

Les mises à pied

Lors de mises à pied importantes, il est normal qu’il y ait des ajustements en cours de route. L’employeur peut décider de rappeler des employés mis à pied pour ensuite se raviser; chaque département doit faire ses propres ajustement alors que l’ancienneté d’un employé s’applique dans plusieurs usines de la région. L’employé qui n’a pas suffisamment d’ancienneté à Dorval peut en avoir assez pour aller prendre la place d’un autre à Ville St-Laurent. Il y a également les départs à la retraite, là encore il peut y avoir des répercussions dans plusieurs usines. 

Dans tous les cas, Bombardier doit procéder par ordre d’ancienneté qui est la règle de base d’une convention collective. Au printemps dernier, l’employeur n’a pas suivi cette règle à la lettre; 149 membres du local 712 de l’AIMTA seront dédommagés suite à un  grief pour non-respect de l’ancienneté. Bombardier devra leur verser un total de près de 300 000 $ en compensation.

Mais Bombardier doit également composer avec les problèmes de la chaîne d’approvisionnement. Il se peut donc que la production soit ralentie ou arrêtée temporairement à une station. La cause de cet arrêt peut être un lot de pièces dont la livraison subit un retard imprévu. 

Enfin, M. Masluch nous a confirmé que les 326 postes syndiqués affectés à la production du CRJ sont inclus dans le chiffre de 1 400 mises à pied. Mais cela ne veut pas dire que les employés du CRJ seront mis à pied. Au fur et à mesure que les postes fermeront, les employés seront relocalisés dans les autres usines. 

Les cadences de production 

En date d’aujourd’hui, Bombardier prévoit toujours réduire de 30 % ses livraisons d’avions d’affaires sauf pour le Global 7500. Dans ce dernier cas, l’objectif est toujours d’en livrer 40 d’ici la fin de l’année. Il faut donc s’attendre à un effort important sur le Global 7500 dans les derniers mois de 2020. 

Mais durant la pandémie, même les prévisions trimestrielles sont incertaines. La situation évolue tellement rapidement que tout peut changer en quelques semaines. C’est le 5 novembre prochain que Bombardier présentera ses résultats du troisième trimestre. Il faudra voir à ce moment-là si les prévisions tiennent le coup ou si elles doivent être revues. 

Les nouvelles techniques de vente

Bombardier a annoncé ce matin la mise en place de son nouveau salon virtuel. Jusqu’au 8 octobre, vous pouvez configurer votre avion d’affaires à votre goût. Le site fonctionne à la manière des sites de fabricants automobiles; vous pouvez choisir la couleur des sièges, tapis, peinture extérieure, etc. Par contre, je n’ai pas trouvé la section « prendre un rendez-vous pour un essai » ;-). 

La pandémie aura bousculé bien des habitudes, même celles des acheteurs d’avion d’affaires.

>>> Suivez-nous sur Facebook et Twitter

5 avis sur “Bombardier : gérer la production durant la pandémie

  • André Doyon

    Bonjour André,
    Bien beau tout ça….
    J’aimerais bien savoir ce que Bombardier projette pour l’avenir.
    Y a t’il des projets ?
    Est-ce que ce qui reste est aussi à vendre ?
    Voyez-vous des embellies pour le prix de l’action ?

    Répondre
    • André Allard

      Mes prévisions sur le futur de BBD sont dans cette vidéo: https://youtu.be/NhS4-XT4MHQ
      Pour ce qui est de la valeur de l’action, ??? Y a pas personne qui peu prédire où elle sera dans un an.

      Répondre
      • Guillaume

        Dans les conditions actuelles, il ne doit pas être difficile d obtenir un prêt garantie par l état à des taux intéressant.

        Du coup, quel est l intérêt de vendre aerostructure? Belfast n est pas rentable?
        Il me semble avoir lu que belfast avait obtenu du travail sur les f35 de la marine anglaise.
        C est je trouve une opportunité très intéressante a long terme.

        Répondre
    • André Allard

      Réponse supplémentaire: avant la pandémie, BBD avait une dette fort importante qui mettait un doute sur son futur. Mais durant la crise, beaucoup de grandes entreprises de l’aérospatiale s’endette à un rythme alarmant au point où la dette de BBD paraîtra bien ordinaire dans les circonstances. Autrement dit, dans un an plus personne ne va se soucier de sa dette. Ce qu’il faut maintenant regarder, c’est la capacité de l’entreprise à générer des profits au cours des prochaines années. Sur ce point, la division des avions d’affaires est très rentable et offre de bonnes perspectives d’avenir selon moi et à condition que le marché des avions d’affaires reprenne en 2021 ou 2022.

      Répondre
  • louis martineau

    Bonne mise à jour. Le moins 30% je présume que c’est comparé au livraison de 2019. Le global 7500 semble assez populaire

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *