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Monocouloir: Boeing en sérieuse difficulté

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C’est en décembre 2019, que j’ai évoqué pour la première fois la fin du duopole d’Airbus et Boeing. Déjà à cette époque, il était possible de constater qu’une tendance lourde c’était amorcée. Les déboires du MAX n’auront fait qu’accélérer la déconfiture de Boeing dans le marché des monocouloirs. Il va de soi que la COVID-19 a accentué la fragilité de Boeing sur ce lucratif marché.

Le fabricant est parvenu a décrocher quelques bonne ventes en 2021, mais au prix de très importants escomptes. Les réductions consenties sont tellement importantes que c’est la rentabilité du programme qui est remise en question. Pour ma part, j’ai publié une autre mise à jour en juin dernier. À ce moment-là, j’avais soulevé la nécessité pour Boeing de lancer un programme de remplacement au B757. 

Plusieurs questionnements

La semaine dernière, Aviation Week a publié un article expliquant pourquoi Boeing ralentissait le développement de nouveaux avions. En fait, les investissements en recherche et développement de l’avionneur régressent depuis plusieurs années déjà. Pour le moment, la compagnie se concentre sur la certification du MAX 10 et du B777X. Elle n’a donc toujours pas de plan afin de combler l’écart avec Airbus. 

Puis cette semaine, c’est Leeham News qui a soulevé de sérieux doutes sur l’avenir de Boeing dans le monocouloir. L’article souligne le débalancement des commandes entre l’A320 et le B737 chez les transporteurs à rabais asiatiques. Plus spécifiquement, c’est le marché des commandes de 90 appareils ou plus qui semble échapper à Boeing. En effet, l’A320 compte 1436 commandes dans cette catégorie contre seulement 604 pour le B737. Le problème pour Boeing est que c’est cette région du monde qui offre le plus gros potentiel de croissance pour la décennie à venir. Son incapacité à tenir tête à Airbus dans cette région lui fera perdre les commandes supplémentaires. 

Airbus attaque le marché du cargo

La décision d’Airbus d’aller de l’avant avec l’A350 Cargo a fait couler beaucoup d’encre. Mais dans un deuxième article, Leeham news révèle qu’Airbus offre à ses clients de convertir des A321ceo de passagers à cargo. Et comme si cela ne suffisait pas, l’avionneur aurait même offert une version A321neo cargo assemblés à l’usine. Si cette dernière information est précise, ce serait un gros coup de la part d’Airbus. Si le fabricant met au point une version cargo de l’A321LR, elle risque fort d’être très populaire. L’A321LR aurait une charge utile de près de 60 000 livres et une distance franchissable de 4 000 nm. 

Pour le moment, Boeing n’a absolument rien à offrir qui se reprocherait de l’A321LR cargo. Le seul espoir de la compagnie américaine, est que le marché ne réagisse pas favorablement, sinon elle sera en très sérieuse difficulté. 

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One thought on “Monocouloir: Boeing en sérieuse difficulté

  • Normand Hamel

    Si Boeing ne s’est pas encore engagée dans le remplacement du 737 c’est parce que ses revenus sont en forte baisse: le 787 tourne au ralenti présentement, le 777X ne semble aller nulle part comme programme, sauf pour une faible lueur d’espoir avec la version cargo; et le KC-46 coûte plus cher à Boeing qu’il ne lui rapporte, mais en lui apportant toutefois les liquidités qui lui permettront de survivre jusqu’à une reprise éventuelle. Le 737 quant à lui est souvent vendu avec de maigres marges de profit, surtout aux cadences de production actuelles.

    Jusqu’à récemment Boeing dominait dans le marché des gros porteurs, mais la pandémie a fortement réduit les besoins pour ce type d’appareil. De plus les transporteurs préfèrent souvent opérer de plus petits modèles comme le A321 plutôt qu’un gros A330 par exemple. Cela a pour effet d’augmenter la fréquence des vols tout en diminuant les pertes lorsque le trafic diminue.

    La seule chose qui pourrait sauver Boeing est une reprise vigoureuse du marché des gros porteurs. Sinon il faudra restructurer Boeing Commercial Airplanes en séparant cette division des activités militaires et spatiales. En attendant, ce qui favorise Boeing c’est le fait qu’Airbus ne peut pas à elle seule répondre à la demande. En fait le marché, aussi peu favorable soit-il envers Boeing, ne peut pas se priver des appareils qu’elle produit, surtout aux prix qu’elle les vend pour rester dans la course.

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