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Pénurie et hausse de prix dans l’aviation d’affaires

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Le mois d’août n’est pas encore terminé et pourtant ce sera un autre mois record pour l’aviation d’affaires. Ce sera donc un quatrième excellent mois consécutif pour cette industrie qui profite de la COVID-19. La demande est fortement à la hausse et cela à des répercussions dans toute l’industrie. Voici un résumé des informations qui circulent à ce sujet.

Les particularités de la nouvelle demande 

La vaste majorité des avions d’affaires appartiennent à des particuliers ou à une entreprise privée. L’avion est utilisé pour les déplacements du propriétaire ou de cadres de la compagnie. La gestion de l’équipage, de l’entretien ainsi que la planification de vol demandent beaucoup de ressources. Souvent, les propriétaires vont confier cette gestion à une entreprise spécialisée que l’on nomme « fixed base operator » (FBO). Mais ces avions sont nettement sous-utilisés et les frais fixes sont très élevés. 

Les FBO offrent aux propriétaires qui le désirent de réduire leur coût en offrant l’avion sur le marché du nolisement. Les FBO qui disposent d’un parc de plusieurs appareils en gestion vont offrir la « JetCard ». Cette formule permet alors de stabiliser les revenus de nolisement. 

Depuis le début de la pandémie, c’est le secteur des vols nolisés qui a connu la plus forte augmentation de la demande. Certaines entreprises ont connu une progression de plus de 40 % en un an. La « JetCards » est le produit qui attire le plus grand nombre de nouveaux clients : le client achète un bloc de 25 ou 50 heures de vol sur un type d’avion de son choix. Le prix de l’heure de vol est déterminé à l’avance et il inclut tous les services. Le client verse un dépôt au moment de l’achat puis paye lors de l’utilisation. Selon le type de carte, il dispose de 12 ou 24 mois pour utiliser les heures de vol. Le client peut demander son vol quand il le veut avec un préavis qui est de 10 à 12 heures selon les fournisseurs. Cette formule comporte une obligation de service par le fournisseur qui en plus doit souvent être livré très rapidement.  

La pénurie

Au cours de la première phase de la reprise dans l’aviation d’affaires, le taux d’utilisation des avions a augmenté. Le nolisement via la formule « Jetcard » est en grande partie responsable de cette situation. La limite d’utilisation pour les FBO est la disponibilité des appareils des propriétaires. Une fois cette limite atteinte, ils se sont tournés vers les avions usagés afin de pouvoir augmenter les ventes. Mais voilà, la demande est tellement forte que même le marché des avions de seconde main s’est épuisé. 

Oui je sais, il y a encore de très nombreux appareils qui sont à vendre à des prix vraiment bas. Mais quand on gratte un peu, on se rend compte que la plupart d’entre eux ne valent pas grand-chose : un vieux Cessna Citation, un Hawker125-400 ou un Lear 25 ça se trouve à 500 000 $. Mais l’avionique est entièrement analogique et complètement inutile selon les normes d’aujourd’hui. Il n’y a rien à faire avec ces avions. 

Les bons avions sur le marché sont ceux qui ont été bien entretenus et construits dans ce millénaire. Mais ils sont rares et les prix sont à la hausse. 

Les avions neufs

Les acheteurs n’ont donc pas le choix de se tourner vers les avions neufs. Au deuxième trimestre de 2021, les fabricants ont vendu en moyenne deux fois plus d’avions que ce qu’ils ont livré. Cela veut dire que les délais de livraison ont augmenté de trois mois alors que le carnet de commandes se gonfle. 

Lundi dernier, Netjet a annoncé qu’elle suspendait la vente de « Jetcard » par manque d’avion. La compagnie a mentionné avoir « épuisé la capacité de production de certains partenaires fabricants ». Cet épuisement serait pour 2021 et 2022. Avec cette déclaration, on peut en déduire que les fabricants sont déjà à la limite de leur capacité actuelle. Mais surtout, aucun d’entre eux n’a encore annoncé de hausses importantes des cadences de production.

La réticence des fabricants à augmenter le pas est liée à l’incertitude de la quatrième vague de la COVID-19. En effet, personne ne veut investir pour augmenter la production pour ensuite se retrouver avec un surplus d’inventaires.

Pour ce qui est du prix des avions neufs, j’ai trouvé trois articles qui en parlent ; le problème c’est que les trois avaient la même source. En effet, c’est le consultant Brian Foley qui a parlé le premier d’une possible hausse de prix. Mais avant que cela ne se produise, il faut d’abord que les escomptes cessent. 

Pour ma part, je demeure quelque peu sceptique sur la hausse des prix dans le neuf. Il me semble que les rabais font partie de la culture de l’aviation d’affaires. Mais bon, avec la COVID, tout peut changer. 

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8 avis sur “Pénurie et hausse de prix dans l’aviation d’affaires

  • Genevieve

    Bonsoir, j’aime beaucoup vous lire. Avec tout mon respect….
    J’ai remarqué une faute d’orthographe, ce qui est rare dans vos articles et je voulais vous en faire part.

    « Il n’y a rien à faire avec Ces avions. »
    Ces avions.

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    • André Allard

      Bonjour, je vous remercie pour la remarque et c’est corrigé. Qu’il s’agisse d’orthographe et d’un point technique, n’hésitez surtout pas à me signaler les erreurs. Les fautes d’orthographe sont rares grâce à la contribution des lecteurs et lectrices. 😜

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  • Frédéric

    Non tout est bien écrit car on démontre que c’est démonstratif. Donc André tu sais écrire.

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    • André Allard

      En fait, la correction a été faite, car au début j’avais écrit le possessif « ses ». Cela m’arrive souvent d’avoir des crampes au cerveau et je mélange certaines choses, par exemple : lorsque je parle du Lear 75, il m’arrive souvent d’écrire ou de prononcer Lear 85. Parfois, sans aucune raison apparente je mets des pluriels partout ou d’autres fois je les retire tous.

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  • Sylvain Tanguay

    « Mais bon, avec la Covid, tout peut changer « , j’adore votre article mais en particulier votre conclusion M.Allard.

    Il est normal d’avoir une référence pour émettre notre opinion. Mais en situation de Covid, je penses qu’il n’y auras plus rien de pareil. Avant Covid/post Covid.

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    • André Allard

      Effectivement et le meilleur exemple est Bombardier: au mois de mars 2020 l’action a plonger car tous s’attendaient à ce que la crise économique frappe durement le marché des avions d’affaires. Finalement, c’est exactement le contraire qui s’est produit alors que personne ne s’attendait à une reprise aussi forte et rapide.

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  • Sylvain Tanguay

    Est-ce que les rabais feront partie de la culture de l’aviation d’affaires post Covid ?

    Comme tous le monde le sait, maintenant, ce marché est gage de sécurité. Pour la clientèle de BBD, il n’y a pas de prix pour s’en assurer. De mon humble avis, les rabais seront beaucoup plus petit.

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    • André Allard

      En ce moment, les cinq fabricants d’avions d’affaires font preuve de beaucoup de discipline dans la gestion de la production. Puisqu’il ne reste plus rien à vendre pour les deux prochaines années, inutile de donner des rabais. Alors oui, c’est fort possible qu’il y ait un redressement des prix.

      De plus l’investissement de Bombardier dans son réseau de service après-vente risque d’être fort payant alors que les avions volent beaucoup et auront donc besoin de beaucoup d’entretien.

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