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Boeing, un acharnement difficile à comprendre

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Un acharnement difficile à comprendre

 

Montréal, 19 décembre- Hier avait lieu les audiences devant la Commission internationale du Commerce des États-Unis (ITC). Les arguments des représentants de Boeing sont demeurés sans valeur et ont prouvé que la volonté de l’entreprise est d’éliminer la C-Séries du marché américain même si cela devait entrainer la perte de milliers d’emplois, au Québec, aux États-Unis et en Europe. Ceci devrait envoyer comme message aux commissaires de l’ITC qu’un jugement en accord avec la plainte de l’avionneur américain entacherait la crédibilité de leur institution et n’aiderait en rien à la défense des emplois ainsi que de l’économie américaine.
« Ce serait absurde de décréter un préjudice qui justifierait 300% de taxes sur le prix de vente de la C-Séries alors que ce modèle d’avion n’a pas d’équivalent chez Boeing. En ce qui concerne les subventions, l’avionneur de Seattle est l’un de ceux qui bénéficient le plus d’aide gouvernemental  pour développer ses produits notamment dans le secteur militaire. Il est donc difficile à comprendre qu’il s’indigne autant sur ce point», soutient le coordonnateur québécois du Syndicat des Machinistes, David Chartrand. « Dernièrement, il a été avancé que l’acharnement de Boeing lui aurait fait perdre 50 milliards de dollars au Canada et aux États-Unis. Si le Royaume-Uni emboite le pas en reconsidérant ses ententes avec l’avionneur les pertes continueront de s’accumuler. Cette stratégie est en train de se retourner contre la direction de Boeing. Leur plan qui visait à bloquer le marché américain à la C-Séries dégénère en guerre commerciale ou chaque attaque de ses opposants pourrait lui couter des milliards de dollars tout en risquant d’envoyer des Américains au chômage. C’est en contradiction totale avec la prétendue mission de l’ITC qui est de défendre l’économie américaine.»

Boeing croit que si aucune mesure punitive n’est appliquée Bombardier pourrait abandonner la construction de sa ligne d’assemblage pour le C-Séries qui devrait créer environ 500 emplois en Alabama. « Cette possibilité n’existait même pas lors du dépôt de la plainte et de l’achat de C-Séries par Delta. En parlant d’emplois qui n’existent pas encore, Boeing veut sans doute faire oublier que sa poursuite menace ceux des 23 000 Américains travaillant déjà pour Bombardier», ajoute le coordonnateur québécois du Syndicat des Machinistes.

Il nous faut en arriver à un jugement équitable et basé sur des faits

Les arguments des représentants de Bombardier, du Canada et du Royaume-Uni ont été sensiblement les mêmes. Ils ont par exemple avancé que n’ayant pas d’avions dans la catégorie de la C-Séries et n’ayant pas participé à l’appel d’offres de Delta, Boeing n’a pu être victime de concurrence déloyale ni subir un quelconque préjudice. La position de quasi-monopole et le carnet de commandes rempli pour les sept années à venir ont aussi été mentionnés pour démontrer la non-pertinence de la plainte du constructeur américain.

« Les dirigeants Boeing agissent comme des fier-à-bras qui ne laissent aucune place à la concurrence. Les récents évènements nous montrent le ridicule de leur démarche et l’inefficacité des mécanismes de règlement des litiges commerciaux. C’est aussi un exemple que le courant protectionniste mis de l’avant par l’administration Trump est un danger pour la stabilité économique et le gagne-pain de plusieurs milliers de famille. Si elle se poursuit, cette guerre commerciale demandera tôt ou tard des sacrifices et ce sera aux travailleurs et travailleuses à qui l’on demandera des concessions pour réparer les pots cassés. Espérons que  l’ITC aura une pensée pour eux avant de déposer sa décision ultime. Cet avion qui a été conçu et qui est assemblé au Québec est la démonstration que nous sommes capables de rivaliser avec les meilleurs. Notre réputation dans le domaine aérospatiale est reconnue mondialement. Personne ne peut nous enlever notre talent. La lutte mérite d’être poursuivie et nous continuerons de défendre l’ensemble des travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale», conclut M. Chartrand.

Le Syndicat des Machinistes (AIMTA) représente environ 650 000 membres à travers l’Amérique du Nord. Avec ses 150 000 membres dans l’industrie aérienne et aérospatiale (16 000 au Canada), l’AIMTA est le plus important syndicat au monde dans l’industrie aérospatiale. Au Québec, le syndicat compte 15 000 membres et au Canada, plus de 50 000 membres.

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8 avis sur “Boeing, un acharnement difficile à comprendre

  • Claude Beauchemin

    Merci André pour cet excellent texte qui nous renseigne de ce qui se passe là bas!

    Boeing a une peur bleu du succès indéniable de la qualité, des commentaires très positif mondialement sur ces C Series.
    Ils ne veulent pas se faire passer un autre « Airbus » !

    De plus ce qui m’inquiète, c’est que ce ITC ne sont que 4 à ce comité, et les répercussions peuvent être de vie ou de mort soit pour C Series ou Boeing en entier!

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      • André Allard

        Me semble que si j’étais un bon soldat, je m’assurerais que la manette avec les codes de lancement qui est à la disposition du président soit défectueuses. 🙂
        Moi cela m’inquiète, mais hélas je n’ai aucun contrôle.

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  • BernardP

    Boeing s’acharne parce qu’elle ne veut pas répéter lerreur historique qu’elle a commise en ne prenant pas Airbus au sérieux à ses débuts. Boeing fait tout pour écraser le C Series avant qu’il ne s’implante solidement, et surtout avant que Bombardier ne lance un CS500 qui compétitionnerait directement le 737MAX.

    Ceci dit, je ne vois pas comment Bombardier peut gagner la présente étape, car ils ont effectivement vendu à Delta à perte, tel que démontré par la provision que BBD a prise à ses états financiers. Techniquement, il s’agit bien de dumping et pour l’instant, ce dossier est encore jugé par l’administration américaine sur des critères techniques.

    Les arguments de Bombardier et Delta devant l’ITC sont valides, mais hors sujet.

    Seule la décision finale de février prochain, alors que le gouvernement américain devra décider si Boeing a subi des dommages, a encore des chances d’être en faveur de Bombardier. Les arguments de Bombardier et Delta s’appliquent davantage à cette décision.

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    • MarcelC.

      Alors, pour vendre des CSeries aux États-Unis, que doit faire BBD? Le contenu des avions est majoritairement américain et les avions seront assemblés aux États-Unis. De plus, les « subventions » reçues à même nos taxes et impôts bénéficieront directement aux Américains! N’est-ce pas suffisant? Il semble que non. Car le DOC et l’ITC sont là pour promouvoir les seuls intérêts d’une poignée d’actionnaires, en l’occurrence ceux de Boeing, et non pas les intérêts du peuple américain. Ils le font de manière éhontée, sans impunité, sans scrupule, en faisant fi des règles en la matière. Par exemple, évoquer les préjudices hypothétiques d’un éventuel CS500 n’est pas recevable selon les règles actuelles du commerce; c’est de la poudre aux yeux.
      La définition de « dumping » s’appuie-t-elle dans ce cas-ci?
      Dumping :
      « Etymologie : mot anglais issu de to dump, décharger, déposer, déverser, se débarrasser. En commerce international, le dumping est la vente dans un autre pays à un prix inférieur à celui pratiqué dans le pays d’origine de l’entreprise. L’objectif est de conquérir des parts de marché. »
      BBD a-t-elle voulu prendre des parts de marché à Boeing? Est-ce que BBD a vendu à Delta moins cher qu’à Air Canada? BBD a-t-il fait du
      « dumping » en Suisse et en Lettonie? Non, vendre ses premiers avions à perte, c’est la norme en aéronautique et cela n’a rien à voir avec du « dumping ».

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      • MarcelC.

        En fait, il est moins question de « dumping » que d’un tout nouveau concept : le « trumping ». Et, de quoi s’agit-il au juste? En fait, personne ne le sait vraiment… même pas son auteur 😊

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        • André Allard

          Le « Trumping », est-ce que je vais devoir te verser des droits d’auteur si je réutilise le terme? 😉

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  • MarcelC.

    En fait, je renonce catégoriquement à toute forme de propriété sur le Nom ou ses déclinaisons. Je me méfie trop des poursuites! J’espère me trumper…

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