Transport aérien

N’oublions pas les transporteurs régionaux

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Les petits transporteurs régionaux sont essentiels pour les dessertes éloignées. Il faut penser à leur venir en aide eux aussi en même temps que les grandes compagnies aériennes

L’historique

Cela fait maintenant près de 30 ans que le gouvernement canadien s’est retiré du transport aérien régional. Lorsque Jean Chrétien était premier ministre, Ottawa s’est départi de ses aéroports régionaux qu’il a cédé aux municipalités. Ces dernières se sont retrouvée à faire les frais des déficits d’exploitation. De plus, le service de navigation aérienne a été transféré à NAV Canada qui doit s’autofinancer. Enfin, la gestion des grands aéroports canadiens a été confié à des OBNL qui doivent également s’autofinancer. 

Depuis le milieu des années 90, c’est le principe de l’utilisateur payeur qui prévaut dans le transport aérien au Canada. Depuis cette époque, Ottawa encaisse des surplus de la part des exploitants du transport aérien. Pour les grands aéroports, les résultats ont été bénéfiques pour l’ensemble des usagers. Mais les faibles volumes des liaisons régionales canadiennes sont mal adaptés au principe de l’utilisateur payeur. 

Les transporteurs régionaux

Pour les résidents des grands centres urbains, les compagnies aériennes canadiennes se limitent à Air Canada, Air Transat, Sunwing et Westjet. Mais ces grandes compagnies ne sont que très peu impliquées dans le transport vers les localités isolées. Au Québec, les vrais transporteurs régionaux sont Air Creebec, Air Inuit, Pascan et PAL. Ces quatre compagnies aériennes s’aventurent dans des endroits comme Baie-Comeau, Bonaventure, Chibougameau, Chisasibi, Kuujuak, La Grande, Schefferville et Wabush.

Ces compagnies exploitent des vols dans des conditions extrêmement difficiles et font face à des coûts d’exploitation très élevés; les marchés qu’elles exploitent sont petits et afin de remplir les avions elles doivent faire plusieurs escales. Elles effectuent donc de nombreux sauts de crapaud qui consomment énormément de carburant. 

De plus, elles doivent assumer des frais à chaque arrêt dans un aéroport exploité par un tiers. Le problème est que les frais aéroportuaires son calculé sur la masse maximale nominale de l’appareil. Les compagnies aériennes payent donc les mêmes frais que l’avion soit plein ou vide. En basse saison, il n’y a que très peu de billets vendus pour répartir les frais. 

Au Québec, les transporteurs régionaux n’ont aucun contrôle sur 30 à 40 % du coût d’exploitation des vols. Les frais aéroportuaires représentent une part importante de cette facture. 

L’aide du fédéral

Dimanche dernier, le ministre canadien des transports, M. Marc Garneau, s’est engagé à venir en aide aux transporteurs aériens. C’est une excellente nouvelle et je me réjouis que le gouvernement canadien ait pris acte de la situation des compagnies aériennes. Mais, je crains que cette aide ne se limite qu’aux grandes compagnies aériennes : Air Canada, Air Transat et Westjet. Je ne suis pas contre cette aide, mais le mandat et la structure de ces trois compagnies ne sont pas adaptés à la réalité du transport régional. Une aide à ces trois compagnies aériennes ne réglera pas le problème de fond du transport aérien régional. 

Dans le passé, Québec a déjà conclu des ententes avec Air Canada afin d’assurer le maintien de certaines liaisons régionales. Mais à chaque fois qu’un ralentissement économique survient, le psychodrame de l’abandon des routes régionales reprend. Tant et aussi longtemps que les gouvernements s’entêteront à donner une aide financière ponctuelle à Air Canada, rien ne va changer. 

La solution

Il faut d’abord revoir la notion d’utilisateur payeur pour les transporteurs régionaux; la plupart des aéroports régionaux ont un volume inférieur à 100 000 passagers par année. Il est illusoire de penser qu’elles peuvent offrir des services de qualité à un prix compétitif par rapport au grands aéroports. Il faut donc s’assurer que les aéroports régionaux reçoivent un financement suffisant afin d’éliminer les frais aéroportuaires. Mais ce financement doit contenir une obligation de réduction considérable ou d’annulation des frais aux transporteurs.

Les transporteurs régionaux ont du mal joindre les deux bouts et ne peuvent investir dans une flotte moderne et efficace. Il faut mettre sur pied un programme leur permettant de renouveler la flotte afin d’avoir des appareils économes en carburant. Il faut assurer un suivi permanent de l’état de santé des transporteurs régionaux. Cela permettrait de voir venir les problèmes plutôt que d’attendre que la crise éclate.

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One thought on “N’oublions pas les transporteurs régionaux

  • Pierre Couturier

    C’est un service essentiel, ils ne peuvent venir seulement quand c’est extrêment payant comme Air Canada veut le faire aux Îles-de-la-Madeleine l’été. Cela devrait être empêché afin que le service en haute période touristique soit réservé à qui nous offre le service à l’année.

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